C O N T R I B U T I O N
A L’APPROCHE PSYCHANAyTIQUE DE L’INSTITUTION :
L’INSTITUTION-ENVIRONNEMENT
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- ROUSSILLON
INTRODUCTION
Je voudrais dans ce travail présenter un certain nombre de réflexions qui se sont imposées à moi à partir, d’une part de ma propre pratique d’intervention en institution, et d’autre part de l’analyse menée en commun avec les étudiants du diplôme de psychologie pratique sur les institutions de soins qui les accueillent comme stagiaires psychologues.
Pendant plusieurs années, la référence théorique qui me guidait dans mon approche de l’institution était fournie par les travaux de E. Jaques (1955) et de F. Fornari (1971). Cette référence m’a toujours paru relativement opératoire, bien que certaines difficultés épistémologiques me semblaient entraver certaines possibilités de théorisation.
Une étude détaillée des travaux de Winnicott entreprise à propos d’une recherche en cours (R. Roussillon –1976), ainsi que certaines implications de cette recherche elle-même, m’ont amené depuis à proposer certains concepts dont j’espère qu’ils sont susceptibles de lever les difficultés rencontrées dans les travaux de
Jaques et de Fornari, même si ces propositions conservent un aspect encore hypothétique et limité.
D’autre part, une approche psychanalytique de l’institution me paraît avoir un maximum de légitimité lorsqu’elle se penche sur les institutions de soins psychologiques ; c’est pourquoi nous essaierons d’en dégager certaines tensions et certains axes.
Bien évidemment le terrain d’étude qu’est l’institution de soin est très vaste et encore peu défriché et il ne s’agira pour moi que d’émettre certaines hypothèses qui devront encore sans doute être affinées par d’autres études ou qui seront reléguées comme hypothèses transitoires lorsque d’autres faits ou d’autres théories plus exhaustives auront été élaborés.
Nous serions satisfait si les propositions que nous présentons pouvaient servir à engager des débats sur les difficultés d’une approche psychanalytique de l’institution.
I – PROBLEMEST TECHNIQUES DE L’APPROCHE
PSYCHANALYTIQUE DE L’INSTITUTION.
A/ Présentation
Je présenterai successivement les principales idées de E. Jaques et de F. Fornari, puis les difficultés qu’elles me paraissent soulever. Enfin, j’essaierai de proposer des solutions théoriques à ces difficultés épistémologiques.
Le fondement de l’approche psychanalytique des institutions a été formulé dès 1955 par le psychanalyste anglais E. Jaques dans un article qui fait maintenant référence : « Les systèmes sociaux comme mécanismes de défense contre l’angoisse » (Jaques 1955).
La thèse principale de Jaques est la suivante :
« L’hypothèse spécifique que j’examinerai est que l’un des éléments primaires de cohésion reliant les individus dans les associations humaines institutionnalisées est la défense contre l’anxiété psychotique ».
« On peut penser que les individus projettent à l’extérieur les pulsions et les objets internes qui sinon seraient la source d’anxiétés psychotiques et qu’ils les mettent en commun dans la vie des institutions sociales où ils s’associent ». –Jaques 1955 –P.547.
Les institutions sociales, avec leurs mécanismes culturels qui règlent les relations internes entre leurs membres, leurs systèmes de rôles qui définissent les attributions de chacun, sont donc utilisés par les individus comme défense contre les anxiétés primaires (dépressives et schizoparanoïdes) ; cette défense commune assure une partie de la cohésion des institutions par un mécanisme d’identification latérale que S. Freud avait déjà décrit (S.Freud – 1920).
Le mécanisme général de cette défense est l’identification projective. Par l’identification projective, une partie de l’appareil psychique interne est remplacée par un mécanisme culturel ou un rôle social externe. Par exemple (S. Freud – 1920), le moi idéal de chaque individu du groupe est remplacé par le chef.. Cette défense, commune à tous les membres du groupe, fonde l’identification latérale des membres du groupe entre eux sur la base de l’utilisation de la même défense.
Un mécanisme d’appoint est généralement nécessaire dans cette procédure défensive : le clivage de l’objet et du moi. Les objets internes et les pulsions qui sont projetées sont en même temps clivés en bons et mauvais. C’est par l’action conjointe de l’identification projective et du clivage que Jaques explique la création du mécanisme culturel du « Second » sur les bateaux de la Marine anglaise.
Les pulsions et les objets bons des hommes d’équipage du bateau sont projetés sur le commandant, réalisant ainsi une idéalisation de celui-ci, alors que les pulsions et objets mauvais sont projetés sur le Second réalisant une « fécalisation » de celui-ci. Le mécanisme culturel et social produit est alors celui que résume cette phrase :
« Le second doit encaisser toute la merde
et il doit être préparé à être de la merde »- P. 550.
Une bonne relation commandant-hommes d’équipage peut alors être constamment conservée, elle permet de mener à bien, même dans la tempête, les tâches nécessaires de survie et d’entretien.
Identification projective et clivage sont les deux mécanismes principaux de ce que M. Klein (qui est la référence implicite de E. Jaques) a théorisé sous le nom de position schizoparanoïde.
Cet ensemble d’hypothèses permet à Jaques d’examiner le problème du changement et de la résistance aux changements dans les institutions sociales. Il fonde son étude sur un examen des mouvements et mécanismes de groupe déclenchés dans une entreprise par une modification des procédures de rémunération. Quoique, dirigeants et ouvriers aient été d’accord sur la nécessité de cette modification, les négociations nécessaires à la mise en place de ce changement furent rendues très difficiles par la réactivation d’angoisses paranoïdes.
Des délégués ouvriers avaient été élus par ceux-ci pour les représenter et ils se réunissaient régulièrement avec les dirigeants dans une commission prévue à cet usage.
Les dirigeants furent alors l’objet de violentes attaques paranoïdes de la part des ouvriers élus :
« Les ouvriers dans l’atelier avaient clivé les membres de la direction en bons et mauvais, les bons étant ceux avec qui ils travaillaient et les mauvais étant les mêmes mais dans la situation de négociation ». Jaques 1955 – P. 557.
De la même manière, le groupe d’ouvriers était lui-même clivé, les pulsions mauvaises étant projetées sur les ouvriers élus. La réunion de négociation était donc vécue comme concentrant les aspects persécutoires. Il fallut une forte motivation des uns et des autres et une assez longue perlaboration des conflits pour que le changement de rémunération soit accepté dans sa mise en place concrète. Encore faut-il dire que certains indices montrèrent à l’auteur que malgré le nouveau système mis en place, certaines habitudes de rendement, acquises dans le système précédent, avaient tendance à se maintenir.
Le travail de Jaques aboutit donc à un certain nombre d’hypothèses.
L’institution sociale est doublée d’une « institution fantasmatique », la première étant utilisée pour se protéger des intrusions de la seconde. Cette procédure défensive s’effectue par la mise en batterie de deux mécanismes de défense : l’identification projective et le clivage ; sa fonction est de permettre aux tâches sociales de survie et de production de pouvoir continuer à s’exercer.
Tout changement dans les mécanismes culturels et sociaux risque donc de s’accompagner d’une réactivation des angoisses dépressives et schizoparanoïdes que ces mécanismes sociaux servaient à maintenir à distance. Ceci est la principale source de résistance aux changements dans les institutions sociales et explique certaines conduites irrationnelles observées dans les entreprises humaines.
La majeure partie des thèses du psychanalyste italien F. Fornari et qu’il a développées dans deux essais antérieurs (F. Fornari – 1964-1966) sont condensées dans un seul travail plus récent : « Pour une psychanalyse des institutions » (Fornari – 1971) sur lequel nous centrerons notre présentation et notre analyse.
Le travail de Fornari se présente comme un ensemble de propositions sur la fonction défensive des institutions et l’application de ces analyses à deux institutions dialectiquement liées :
La famille et la division de la société en classes sociales.
La thèse principale de F. Fornari se présente comme plus radicale que la thèse d’E. Jaques :
« Je veux donc me référer au modèle global selon lequel les institutions sociales peuvent être considérées et décrites comme des mécanismes de défense contre l’angoisse primaire persécutive et dépressive ». F. Fornari – 1971 – P. 91.
En ce sens – et la suite des thèses de Fornari le fera apparaître de plus en plus clairement – les institutions sont « produites » comme mécanisme de défense.
L’institution sociale se construit comme défense contre l’institution fantasmatique, comme les instances intra -psychiques, Moi et Surmoi, se constituent comme défense contre ça.
Mais entre l’institution sociale structurée et l’institution fantasmatique, vient s’intercaler ce que Bion nomme les hypothèses de base et qui représentent le social à l’état naissant (Bion – 1961).
Les hypothèses de base (couplage, dépendance, attaque-fuite) représentent une première élaboration défensive des angoisses de base paranoïdes et dépressives. Mais
« Si alors les HB. n’étaient pas structurées dans les institutions, les angoisses de base qui leur sont inhérentes, non contrôlées par les institutions elles-mêmes entendues comme mécanisme de défense, tendraient à perturber avec leurs contenus directs, tout le contexte social ». Fornari – 1971 – P. 98.
Les hypothèses de base vont alors se structurer dans des institutions spécifiques.
L’H.B. attaque-fuite va se structurer, s’institutionnaliser dans l’armée.
L’H.B. dépendance dans l’Eglise, et
L’H.B. couplage dans l’aristocratie.
« Les hypothèses de base décrites par Bion seraient pour ainsi dire le ça du social »
(Fornari – 1971 – P. 100)
Fornari se sépare de Bion sur un point précis et fondamental.
Bion distingue les institutions fondées sur les hypothèses de base « surtout liées à des angoisses spécifiques et donc à la nécessité des institutions comme mécanisme de défense » et les institutions de style rationnel « surtout centrées sur des fonctions de manipulation de la réalité et sur le rapport avec l’univers externe en fonction de sa transformation ».
Reprenant les travaux de Jaques, Fornari montre que les institutions du style « rationnel » vont elles-mêmes avoir à structurer les angoisses de base.
Fornari propose une nouvelle hypothèse de base spécifique de ces institutions : L’H.B. conservation-changement. Cette nouvelle HB. assure l’universalité du modèle proposé par Fornari :
Angoisses de base
paranoïdes et
schizoïdes
Hypothèses de base :
Social à l’état naissant
Institutions sociales
H.B. structurées
_________________________________________________________
Fornari applique ensuite ce modèle général à une institution particulière : la famille.
La fantasmatique oedipienne ne saurait résumer à elle seule la famille fantasmatique, d’autres angoisses plus archaïques en forment le socle que la famille sociale va avoir pour fonction de suturer.
Parmi les angoisses plus archaïques desquelles la famille sociale protège, Fornari accorde une place prépondérante à l’angoisse génétique. Celle-ci, qui est une forme de l’angoisse paranoïde, concerne l’angoisse « de la détérioration du produit de la conception ».
Fornari propose alors un modèle de défense contre cette forme d’angoisse paranoïde qui se construit en deux temps. A un premier niveau intra-familial, se développe l’HB couplage avec son corollaire : l’idéalisation de l’enfant (enfant sauveur, enfant merveilleux). Les rôles sociaux de Père, Mère, enfant vont se construire comme déni des fantasmes de destruction :
« L’enfant ne tuera pas son père ou sa mère, mais sera au contraire le messie, le sauveur ; la mère ne tuera pas le père et l’enfant mais au contraire les nourrira…le père ne tuera lui non plus ni l’enfant ni la mère, mais au contraire luttera contre les difficultés et contre les instances ennemies ». P. 110.
« Ma thèse est que la famille sociale authentique se greffe sur ces HB. qui contiennent la première formulation idéalisée du social comme défense contre les angoisses de base ».
Fornari 1971 – P. 110.
A un second niveau, la défense engendre le système des castes (ou des classes sociales). L’enfant persécuteur produit par l’angoisse génétique va être projeté à l’extérieur sur d’autres familles, engendrant la nécessité d’un clivage à l’origine des classes sociales.
« Mais l’expulsion des aspects mauvais et impurs des produits de la conception du groupe privilégié dans les produits de la conception du groupe infériorisé (qui a tous les aspects d’une élaboration paranoïaque de la lutte interne des groupes appartenant à la société) constitue en fait le groupe infériorisé comme bouc émissaire s’il accepte de devenir réceptacle inerte ou négatif, ou comme ennemi par lequel le groupe privilégié se sent continuellement menacé, si le groupe infériorisé refuse le rôle de réceptacle négatif ».
Identification, projection et clivage mesurent donc l’élaboration de l’angoisse paranoïde et constituent la société en classes sociales (ou castes).
Fornari tente, dans le même mouvement, de rendre compte de l’accumulation économique :
« L’accumulation économique dans une classe sociale déterminée est parallèle à l’angoisse génétique et au mécanisme de défense contre cette dernière ». P.111
Le glissement s’opère autour de l’équation symbolique enfant-pénis-argent. Nous citons Fornari :
« Le dommage craint pour l’enfant peut être fantasmé comme réparable grâce à une accumulation économique garantie par la transmission héréditaire du patrimoine ». P.111.
Nous espérons avoir donné une vue d’ensemble des élaborations de Fornari sur l’institution ; nous reprendrons dans notre réflexion critique certains points pour les compléter.
B/ Réflexions critiques sur les travaux de E. Jaques et F. Fornari.
- A propos des thèses de Jaques.
L’analyse que propose Jaques suppose implicitement qu’une distinction soit effectuée entre groupe et institution. L’identification projective et le clivage supposent qu’existent en dehors d’eux des zones de découpes définissant des espaces internes et externes qui seuls vont pouvoir permettre que quelque chose soit projeté à l’extérieur. Ainsi dans le mécanisme culturel du Second que Jaques décrit, les mécanismes de groupe développés par les hommes d’équipage supposent que deux hommes au moins (le commandant et le second) soient distincts du groupe des hommes d’équipage.
Or, cette distinction préexiste au mécanisme culturel (du moins pour un groupe donné) sous forme de différence hiérarchique instituée, double différence hiérarchique même, puisqu’elle différencie d’une part le commandant du second et d’autre part, le couple de chefs (commandant et second) du groupe des hommes d’équipage. C’est parce que cette différence préexiste que le commandant et le second peuvent être le réceptacle de projections, c’est parce qu’ils sont institutionnellement constitués comme différents qu’ils peuvent être utilisés comme lieux de projection externes.
Ces mécanismes de groupe qui se déroulent dans l’institution ne se déroulent pas au hasard, ils empruntent un système de découpe qui leur préexiste. Nous rejoignons ici une distinction proposée par Bleger (1967) entre le processus et le non processus. Le processus (ici les mécanismes de groupes) suppose, pour se dérouler, un non-processus ou cadre.
Nous proposons le terme de cadre institutionnel pour désigner le non-processus contenant les processus institutionnels.
Ainsi, dans l’exemple longuement analysé par Jaques à propos de son étude du changement, il néglige deux modifications dans le cadre.
La première est la constitution d’un espace de négociation, la seconde est l’élection d’un certain nombre d’ouvriers pour conduire cette négociation.
Or, les mécanismes de groupes que Jaques décrit empruntent très exactement les découpes ainsi organisées.
Or, si l’élection permet le clivage bons ouvriers/mauvais ouvriers, le mécanisme qui préside à l’élection – la représentation du tout par une de ses parties, est lui distinct du clivage.
Cette distinction entre le cadre institutionnel comme non- processus et les processus groupaux fait surgir une autre dimension de l’institution qui n’est pas réductible pour un groupe donné à un simple mécanisme culturel généré par l’activité défensive des groupes en face des angoisses schizo-paranoïdes et dépressives. Notre hypothèse est que ce cadre institutionnel est homologue à ce que Winnicott nomme la mère-environnement et qui est précisément vécue par le nourrisson comme un non-processus lorsque celle-ci est suffisamment bonne (Winnicott 1971). Ceci lui permet alors de découvrir et de rentrer en relation avec la mère-objet.
Nous reprendrons et développerons cette hypothèse dans notre chapitre suivant.
- A propos des thèses de Fornari.
Le système conceptuel que propose Fornari est à bien des égards différent de celui d’E. Jaques.
Celui-ci voyait dans les institutions des mécanismes utilisés à des fins défensives ; celui-là nous propose une genèse de la défense par le social.
En effet, Fornari élabore une théorie de la production des institutions comme défense et non de leur utilisation. Le problème épistémologique général de la thèse de Fornari est celui du statut d’un mécanisme de défense externe à l’appareil psychique.
Car il ne s’agit pas dans cette optique d’un mécanisme d’externalisation mais bien d’une défense par le social contre le fantasmatique, le premier étant produit comme défense contre le second. Ainsi les rôles sociaux de Père, Mère, enfant défendent-ils contre la famille fantasmatique ; là est leur fonction. Et il en va de même concernant la structuration en classes sociales ou en castes ou encore le principe de l’accumulation économique. En ce sens, et malgré les remarques qu’effectue Fornari sur la perspective historique des institutions (qui ne sont que des affirmations verbales et non organiques de son système), la perspective de Fornari est anhistorique.
Ceci nous paraît être une conséquence inévitable du système théorique de Fornari qui est la perspective kleinien. Nous avions montré ailleurs comment le souci de M. Klein de fonder une psychanalyse de l’enfant (R. Roussillon – 1969) entièrement homologue à la psychanalyse de l’adulte avait conduit celle-ci à engendrer totalement le monde externe à partir d’une mécanique des objets internes. La fonction idéologique de ce système était d’établir une théorie psychanalytique qui préserve la mère de toute accusation de toxine : le mal est dans l’enfant et uniquement en lui. D’autres que nous ont par ailleurs montré le danger d’une utilisation stricte du système kleinien.
« L’attitude réelle de l’objet envers l’enfant et la partie des évènements qui le touchent sont verbalement reconnues mais effectivement négligées.
Nous enfermons, et pensons-nous pour toujours, le sujet dans son narcissisme ». Pasche et Renard – 1956.
Et encore Lebovici (1961) :
« D’ailleurs dans ses derniers travaux, M. Klein en arrive finalement à décrire les relations précoces à l’objet comme la conséquence de la lutte des instincts de vie et de mort. Ainsi la réalité de l’objet est-elle finalement niée ».
Cette critique générale du système Kleinien nous paraît valable pour la perspective de F. Fornari, du moins sur le fond de la thèse suivant laquelle les mécanismes sociaux sont des mécanismes de défense contre les anxiétés primaires. Le réel social est dans le même mouvement généré comme défense contre la fantasmatique interne, produisant cette défense paradoxale qu ‘est un mécanisme de défense externe à l’appareil psychique.
C / Propositions théoriques :
- Institution trouvée-créée
En faisant des institutions sociales de purs produits des défenses psychiques,
Fornari demeure pris dans les insuffisances théoriques du système kleinien. Il engendre une théorie qui reste anhistorique. Mais pourtant il reste la troublante description que cet auteur effectue des mécanismes en jeu dans les institutions et il ne faudrait pas que les critiques que nous opposons à Fornari fassent oublier l’apport positif de cet auteur dans l’approche des institutions. Il nous faut maintenant nous souvenir des remarques que nous faisions à propos des hypothèses d’E . Jaques. Nous disions alors que l’institution fournissait une trame pour les mécanismes de groupe qui s’y développaient, organisant en silence ceux-ci à partir de certains de ses découpages, ceci définissant ce qu’on pourrait appeler une fonction de contenant et une fonction porteuse des mécanismes groupaux.
Ces derniers s’appuyaient donc sur une « matérialité » extérieure à eux que nous nommions cadre institutionnel et qui, non processus, agençait le processus groupal. Cette remarque va peut-être nous permettre de penser le problème de l’investissement des institutions par les groupes qui l’habitent.
Nous devons à Winnicott une conception de l’objet qui va nous permettre d’élaborer la tension dialectique entre les travaux de Fornari sur l’institution-créée et la perspective qui résulte de notre remarque sur l’institution-cadre.
Pour qu’un objet soit investi, pense Winnicott, il faut qu’il soit trouvé-créé, c’est à dire qu’il y ait une relation d’adéquation entre l’objet créé par l’enfant et l’objet trouvé dans l’environnement.
Mais cette remarque vaut tout aussi bien pour la relation à l’environnement (à la Mère environnement) dont on peut dire que, pour qu’il soit investi par l’enfant, il est nécessaire qu’il soit de la même manière trouvé-créé par l’enfant, c’est à dire que l’environnement créé par l’enfant soit relativement homologue à l’environnement créé par la mère et donc trouvé par l’enfant.
Cela définit ce que Winnicott appelle la mère « suffisamment » bonne et qu’il distingue soigneusement de la mère-objet.
Notre hypothèse générale vise à postuler, pour l’institution, un double système homologue à la dualité Mère-environnement – Mère-objet.
Nous l’énonçons ainsi. Pour qu’une institution puisse être investie comme mécanisme de défense contre les angoisses de base, il faut que la défense psychique créée dans le processus intrapsychique soit en même temps trouvée dans l’institution
sociale. C’est à dire que se réalise une certaine adéquation entre l’institution trouvée et l’institution créée.
Et ceci à deux niveaux différents : d’une part, au niveau de ce que nous nommons institution-cadre, d’autre part, au niveau des mécanismes sociaux et culturels.
Ceci nous permet alors d’intégrer les analyses de Fornari comme théorie de l’institution créée.
L’histoire des institutions s’écrit dans les décalages perçus entre l’institution trouvée et l’institution créée. Une double histoire peut alors être décrite : celle des modifications des mécanismes sociaux et culturels et celle des modifications des cadres institutionnels.
II – LES PROCEDURES DEFENSIVES DANS L’INSTITUTION
1/ Métadéfenses
L’institution-cadre est homologue à un système pare-excitation (Freud 1895)
externe aux groupes humains de l’institution.
Ce système pare-excitation a pour fonction de protéger les groupes humains et les individus qui les composent des angoisses afférentes à la pulsion de mort (angoisses d’effondrement, de morcellement, de non assignation, de chaos, etc.) Nous proposons le terme de métadéfenses institutionnelles pour désigner les procédures défensives mises en place à ce niveau. Des exemples de métadéfenses nous sont fournis par les systèmes de différenciateurs institutionnels comme la différence hiérarchique ou la différence instituant/institué, ou encore des systèmes de contention comme des réunions de négociation.
Les métadéfenses institutionnelles peuvent être investies comme défense par les membres de l’institution grâce à l’illusion générée par le mécanisme du trouvé-créé que nous avons décrit dans notre chapitre précédent.
2/ Défenses
A côté des métadéfenses institutionnelles, les individus de l’institution mettent en œuvre d’autres procédures défensives pour se protéger des angoisses afférentes aux types de relation d’objet qui se développent dans les relations institutionnelles, et aux composantes pulsionnelles qu’elles mettent en jeu (sadique orale ou anale par exemple). Ces défenses sont les défenses habituellement utilisées et combinées dans les groupes humains ; identification, projection, clivage de l’objet en sont de bons exemples. Les combinaisons de ces mécanismes de défense correspondent à ce que Bion décrit comme HB. ou social à l’état naissant.
Ces procédures défensives se caractérisent par une labilité plus grande, les défenses peuvent être mobilisées et modifiées de manière plus aisée ; elles peuvent aussi s’instituer en mécanismes culturels (et idéologiques) spécifiques et ainsi se stabiliser (ex. du Second que décrit Jaques) ; ou au contraire rester mobiles et être métabolisées dans des appareils psychiques groupaux internalisés (Kaës 1976 b)
3/ Les failles ou insuffisances du système métadéfensif provoque la libération, dans l’ « institution fantasmatique », de fragments de pulsion de mort que les mécanismes de défense vont alors avoir à tenter d’élaborer ; mais comme le montrera notre analyse d’un cas de conflit institutionnel (cf. 2° partie et aussi Roussillon 1976) elles gêneront alors des paradoxes culturels ou des situations paradoxales.
Un tableau résume l’ensemble de ces procédures défensives.
Pulsion | Angoisses | Procéduresdéfensives | Mécanismesinstitutionnels | |
Institutioncadre | Pulsion deMort | ChaosEffondrement
Non assignation |
Métadéfenses(pare-excitation)
Ex. différenciateur Espaces de |
Organisation institutionnelleEx. différence
Hiérarchique. |
GroupesInstitutionnels
|
SadismeLibido | Lié à la relation d’objetEx. angoisse de dévoration | Défenses.Ex. clivage de l’objet
Projection |
HB. de BionMécanismes
Culturels et |
Fragments dePulsion de
Mort |
Chaos, etc. | Défenses | Paradoxe culturelSituation paradoxale
Conteneur d’appoint.
|
4/ Nous pouvons alors décrire deux types de conflit structurellement différents dont l’institution est le siège :
Les conflits contenables (contradiction non antagoniste) dans lesquels le système méta-défensif remplit « suffisamment bien » son rôle, les groupes ont alors à métaboliser de faibles quantités d’angoisses, et le conflit n’aboutit pas à une destruction de l’institution, mais soit à une modification des
institutions culturelles et sociales, soit à une élaboration par les appareils psychiques des angoisses de base.
Les conflits incontenables (contradiction antagoniste) dans lesquels le système méta-défensif est insuffisant. Les fragments de pulsion de mort ainsi libérés ne peuvent être entièrement élaborés par le système de défense des groupes. Ils aboutissent soit à une destruction de l’institution, soit à une modification importante du système méta-défensif (révolution institutionnelle). (1)
5/ « Transfert » sur le cadre
Nous voudrions terminer cette présentation de nos hypothèses sur l’institution par une remarque visant à proposer le concept de transfert sur l’institution-cadre.
Si l’institution-cadre occupe, par rapport aux individus de l’institution, une fonction de système pare-excitation analogue à la mère-environnement que décrit Winnicott, alors les failles vécues historiquement au niveau de la mère-environnement peuvent venir se rejouer autour de l’institution-cadre, réalisant ce que nous proposons d’appeler un « transfert sur le cadre ».
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- Nous avons trouvé récemment, dans un travail de J.C. Ginoux (1976) une confirmation de notre hypothèse générale.
Ginoux étudie des situations de groupe analytique au sein desquels apparaissent des phénomènes répétitifs : retard de la presque totalité du groupe, changements de place en cours de séance, départs, etc.
« Les comportements répétitifs groupaux sont des réactions de défense, de la part des participants, à l’empiètement ou la faillite d’un environnement actuel
(humain ou institutionnel) bloquant le jeu de l’illusion ». Ginoux – 1976 P.59.
La thèse de Ginoux nous paraît confirmer nos hypothèses concernant la fonction « environnement » de l’institution.
Ce type de « transfert » a été mis en évidence dans la cure psychanalytique par un des élèves de Winnicott, M. Khan (1974) que nous citons :
« Mon expérience clinique m’a appris que lorsque le patient nous fournit un matériel qui se rapporte essentiellement à ses distorsions du moi dues au traumatisme cumulatif, alors ce sont le cadre analytique et la relation du patient à celui-ci qui revêtent une importance majeure du point de vue clinique et transférentiel ». M. Khan – 1974 – P. 96 (1)
Une des relations au cadre particulières observées dans ces cas là, suivant notre pratique, est que le cadre peut alors être « attaqué » par le patient. Cette attaque du cadre porteur
(scier la branche Mère-environnement et Mère-objet. Ce sont alors les « soins maternels » et leurs équivalents transférentiels qui sont alors attaqués et non la mère-objet. Cette procédure transférentielle spécifique a été particulièrement décrite et analysée par D. Anzieu (1976).
Dans ce cas-là, c’est un autre aspect du cadre analytique qui est alors attaqué, le processus analytique lui-même est retourné comme un gant (attaque du lien que décrit Bion) et conduit à la réaction thérapeutique négative. L’analyse de ce « transfert paradoxal » pose des problèmes particuliers puisqu’il est nécessaire que le rapport du patient au processus analytique soit lui-même analysé. Or, il ne peut l’être au sein du processus lui-même.
« Le travail psychanalytique était donc subordonné à une phase préalable que les chercheurs de Palo Alto ont profondément défini. On ne peut sortir d’une communication paradoxale qu’en métacommuniquant sur cette situation. L’invitation à métacommuniquer et l’enclenchement de la métacommunication sont des tâches qui reviennent au psychanalyste ».
D. Anzieu – 1976 – P.52.
- Nous renvoyons le lecteur aux travaux de M. Khan, en particulier au chapitre sur le concept de traumatisme cumulatif, pour de plus amples développements sur les aspects psychanalytiques du traumatisme cumulatif et son transfert sur le cadre analytique.
Il nous suffit de dire que le concept de traumatisme cumulatif renvoie de manière directe à ce que nous avons appelé les failles à la mère-environnement.
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C’est à dire que D. Anzieu propose alors un nouveau cadre d’élaboration, la métacommunication, qui permet alors que le rapport du patient au processus analytique puisse être analysé et dépassé.
Lorsque cette phase préalable a eu lieu, l’analyse comme telle peut alors reprendre. Notre hypothèse est que la métacommunication au sein de la cure-type figure un cadre externe/interne au cadre analytique lui-même, c’est à dire permet que se constitue un « espace transitionnel » au sein duquel la réparation des failles de la Mère-environnement peut s’effectuer. Ce cadre externe/interne sera ensuite internalisé dans le cadre analytique habituel et le travail analytique proprement dit pourra alors reprendre.
Ces deux exemples autorisant, selon nous, l’emploi du concept de « transfert sur le cadre » ne sont qu’indicatifs du type de phénomènes ainsi décrits.
Nous pensons que ce qui vaut pour le cadre analytique de la cure-type peut être étendu au rapport des groupes humains et de leurs institutions cadre. Ces mécanismes se développent lorsqu’un nombre relativement important des membres du groupe ont eu à subir dans leur petite enfance des traumatismes causés par des failles ou empiètements de l’environnement.
Cette situation se retrouve de manière assez fréquente dans les institutions de soins que nous allons maintenant étudier.
III – LE PROBLEME DES INSTITUTIONS DE SOINS
Position du problème
La dualité institutionnelle, institution sociale/institution fantasmatique et l’utilisation défensive des mécanismes culturels et sociaux, permet aux groupes de l’institution de mener à bien leur tâche de production sans trop d’intrusions fantasmatiques. La plupart des institutions peuvent se contenter d’un système de méta-défense institutionnelle et laisser aux travailleurs de l’institution le soin de métaboliser individuellement ou collectivement les reliquats d’angoisse de base non saturée. C’est en tout cas ce qui se passe habituellement dans les entreprises.
Mais le problème ne se pose pas dans les mêmes termes pour les institutions de soin psychologique ou psycho-pédagogique. Ce qui caractérise en effet les clients de ces institutions, c’est précisément leurs difficultés à utiliser les systèmes de métadéfenses et leur aptitude à développer individuellement ou en groupe un « transfert » sur l’institution-cadre.
Ceci oblige (obligerait ou obligera) les institutions de soin psychologique à faire face à un ensemble de fantasmes et d’angoisses que les mécanismes métadéfensifs et défensifs de l’institution suturent mal ou pas. Celles-ci ont alors deux possibilités :
Soit modifier leur système métadéfensif pour qu’il s’adapte aux institutions créées de leurs clients (Bonneuil, Deligny et les institutions éclatées en sont un bon exemple), soit –et ceci n’est pas incompatible avec la première solution – qu’une certaine prise en compte de l’institution fantasmatique soit opérée par les groupes soignants.
C’est le problème de cette prise en compte que nous allons maintenant examiner à travers certaines de ses difficultés.
Déconstruction ou négation des institutions et appareil psychique.
L’institution psychanalytique est bien entendu l’institution princeps qui réalise cette prise en compte de la dimension fantasmatique. Elle surgit de la déconstruction de la relation médicale traditionnelle et des mécanismes culturels et sociaux qui la structurent.
L’histoire de cette déconstruction est à bien des égards exemplaire, en particulier en ce qu’elle nous montre qu’une telle déconstruction doit nécessairement s’accompagner de la construction d’un appareil psychique capable d’élaborer la fantasmatique déliée par l’abandon des rôles sociaux traditionnels. C’est en effet une constante des travaux de S. Freud que d’élaborer en lui-même (cf. auto-analyse D. Anzieu – 1975) dans un espace transitionnel interne (et dans la théorie) un appareil psychique capable de mentaliser et de représenter l’organisation fantasmatique.
Cette nécessité, que nous croyons générale à toute procédure de déconstruction, nous la retrouvons aussi dans la genèse de la psychanalyse de groupe. Celle-ci plonge ses racines non plus dans la relation médicale mais dans les organisations métadéfensives groupales dont la psychosociologie lewinienne fournit une première élaboration.
Cette déconstruction, effectuée au CEFFRAP sur une dizaine d’années (de 1956 à 1966) a conduit de la même manière et par le biais de l’analyse intertransférentielle systématique (Kaës – 1976 –a) à la construction d’un appareil psychique groupal (APG – Kaës – 1976 b).
L’analyse intertransférentielle, équivalent groupal de l’auto-analyse, et l’APG, équivalent de l’appareil psychique individuel, fournissent seuls la possibilité que soient élaborées les relations transférentielles et dépassées les formations idéologiques qui s’y manifestent.
Lorsque ces conditions institutionnelles ne sont pas remplies, l’analyse et l’élaboration dans l’APG restent partielles et des reliquats d’angoisses de base non élaborées vont avoir à se structurer en mécanismes sociaux, culturels et idéologiques.
Par exemple, le dégagement hors d’une problématique du pouvoir ne pourra s’effectuer et la psychanalyse de groupe ne sera plus alors qu’une nouvelle idéologie groupiste ou institutionnelle.
Il en va de même pour l’approche psychanalytique de l’institution.
Celle-ci doit parvenir à constituer son « appareil psychique » spécifique, ce que l’on pourrait nommer par analogie l’appareil psychique institutionnel et sur lequel tout reste à dire. Quant aux modalités concrètes de mise en place d’un dispositif analytique en institution, elles restent aussi à élaborer. En tout cas, nous avons pu constater qu’une négation ou une non-reconnaissance des aspects méta-défensifs de l’institution condamnaient l’interprétation en institution, à la stérilité dans les meilleurs cas, généraient des situations paradoxales dans les autres.
De l’introduction intempestive d’une « pratique analytique » au sein d’une institution, P. Fustier dans son récent ouvrage : « Pouvoir et Formation » nous donne un excellent exemple. Nous pensons tout particulièrement au mécanisme institutionnel qu’il décrit sous le terme de « mutation des langages » (1976 – P. 28-30) . Ce mécanisme se développe en trois temps dont nous ne retiendrons ici que l’enchaînement dynamique.
Dans un premier temps, le formateur, par conviction idéologique, s’affirme (ou se sent ou se veut) semblable aux formés. Dans ce premier temps, la différence instituant/institué tend à disparaître, du moins dans le discours tenu par les uns et les autres (car par ailleurs cette différence persiste au niveau économique : certains restent payés pour leur travail).
Le second temps est marqué par l’apparition de l’agressivité. La disparition de la différence formateur/formé met en branle une fantasmatique de la « manipulation » qui témoigne d’une mobilisation de vécus persécuteurs et enclenche un mouvement d’agressivité des formés à l’égard des formateurs ou un mouvement dépressif si les formateurs sont trop idéalisés.
Le troisième temps caractérise le temps de l’interprétation défensive. Le comportement des formés est alors interprété par les formateurs comme résultant d’une fantasmatique qui leur est propre : dépendance ou contre-dépendance à l’égard des formateurs, mécanismes paranoïaques, etc. Notons que dans ce troisième temps les interprétations données peuvent être relativement pertinentes et cerner un certain réel. En tout cas, elles ne conduisent pas à une véritable élaboration mais augmentent les processus développés dans le second temps : agressivité ou dépression. La situation engendrée est généralement alors une situation paradoxale caractérisée par l’existence d’un piège qui accrédite après coup les fantasmes de manipulation.
La confusion inaugurale de ce mécanisme est bien sûr la négation (et non la déconstruction) de la différence formateur/formé, c’est à dire la négation du système de métadéfense de l’institution.
La différence hiérarchique, la différence soignant/soigné, la différence instituant/institué, peuvent peut-être être déconstruites, en tout cas les procédures de négation imaginaire dont elles font souvent l’objet ne peuvent être palliées par le maniement interprétatif. Celui-ci ne conduit qu’à une négation des rôles sociaux, figure de la défense par la réalité intérieure contre la réalité extérieure. Car si les rôles sociaux peuvent être utilisés comme défense contre le monde fantasmatique interne, ce dernier peut aussi être utilisé comme défense contre les rôles sociaux, et ce n’est pas parce qu’un niveau protège de l’autre qu’il faut privilégier l’un des deux pôles.
Dualité des institutions de soins : fantasmes et rôles sociaux.
Une métadéfense classiquement adoptée pour réduire la tension dialectique entre le pôle social et le pôle fantasmatique des institutions de soin consiste à opérer un clivage entre les fonctions (1). Les éducateurs se voient ainsi déchargés des tâches d’entretien par un personnel de service, les infirmiers sont doublés d’ASH. Mais cette solution métadéfensive, si elle permet un certain aménagement, ne peut prétendre à elle seule résoudre le problème de cette tension dialectique.
En effet, infirmiers et éducateurs ne sont jamais complètement déchargés des tâches de survie, de soin ou de gardiennage (il reste les piqûres et les soins, les activités à organiser, etc.) et même leur pratique y est fondamentalement accrochée. En outre les ASH et personnels de service revendiquent de plus en plus d’être investis d’une valeur « soignante » ou « relationnelle ». Enfin s’ajoute le fait, incontrôlable institutionnellement, que les soignés de l’institution ne suivent pas nécessairement les clivages opérés par les soignants et peuvent investir plus particulièrement telle ASH ou telle femme de ménage précisément d’ailleurs en fonction des tâches d’environnement de celles-ci.
De ceci résulte qu’il est nécessaire que d’autres systèmes métadéfensifs soient prévus pour la prise en compte des fantasmes et des transferts, sans que pour autant ces systèmes n’aboutissent à la négation des rôles sociaux.
Une réflexion menée dans le cadre du laboratoire de psychologie médicale du Professeur Guyotat avec différents « psychistes » (psychologues, psychiatres, psychanalystes) intervenant dans des services de médecine somatique de l’hôpital a permis de dégager empiriquement une procédure qui permet que cette dualité soit respectée. (2).
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- La psychanalyse ou l’analyse de groupe peuvent réaliser une certaine « époché » de la réalité sociale et d’environnement, parce qu’elles sont éphémères, du moins pour ce patient là et ce groupe là, l’argent témoigne ultimement de la présence de celle-ci. En ce sens, elles sont, du point de vue de l’approche du fantasme, des « types idéaux » d’institution.
- C’est du moins ainsi que je reformule actuellement nos échanges de l’époque.
Les expériences échangées dans ce groupe de recherche montraient que l’appel au « psychiste » prenait souvent figure d’appel à un système pare-excitation. La procédure est souvent celle-ci : un malade hospitalisé pour des raisons somatiques, s’avère poser aussi des problèmes d’ordre psychologique à l’équipe médicale (dépression, refus de soin ou agitation, etc.) Celle-ci, et singulièrement les infirmiers, fait alors appel à un psychiste dont le rôle peut être :
- soit de prendre lui-même en charge le malade dans une optique de contention, qu’il s’agisse d’une contention chimiothérapeutique ou d’une « contention » psychologique par des entretiens. En tout cas il lui est demandé d’assurer la contention des fantasmes liés au malade ;
- soit de « parler » avec l’équipe soignante du malade si celle-ci désire continuer à le prendre en charge.
Dans les deux cas, le psychiste fonctionne comme système pare-excitation interne/externe. Mais il arrive qu’à la suite de ces discussions avec l’équipe soignante, une réunion soit institutionnalisée pour systématiser cette approche.
Suivant les cas, ces réunions peuvent être décrites avec l’un des schémas suivants (qui d’ailleurs se chevauchent du plus archaïque au plus élaboré).
Le premier schéma est la poursuite simple du système de contention antérieure, la réunion devient toute entière un espace de contention du fantasme, système pare-excitation du service. La réunion a pour fonction de protéger le service du malade, et les soignants de leurs contre-réactions agressives ou rejetantes à l’égard de ce malade.
La seconde description s’effectue en termes de création d’un « espace transitionnel » interne/externe au service. La fonction de cet espace est alors de localiser un lieu au sein duquel la fantasmatique réactivée par le patient peut être abordée sans trop de danger. L’expérience montre que cet espace peut se maintenir si le groupe de soignants arrive à se structurer sans que la question : sommes-nous soignants ou soignés ? ne soit posée trop précocement, et ceci est possible quand la culpabilité du soignant à l’égard des malades psychiatriques n’est pas trop forte, c’est à dire si les mouvements de rejet de ces malades ne sont pas trop violents.
La troisième description peut s’effectuer en terme d’une fonction X maintenue au sein de la réunion et qui fonctionne alors elle-même comme conteneur (Kaës – 1976 c). Cette fonction X permet alors qu’une analyse de la pratique hospitalière puisse avoir lieu, réalisant ce que nous nommons un groupe d’analyse de la pratique.
Cette procédure d’intervention reste toujours assez difficile à mettre sur pied, soit parce que les éléments persécutoires réactivés chez les infirmiers sont très comportants, soit parce que la hiérarchie médicale considère cette entrée des psychistes dans son service comme une amputation de son pouvoir.
En tout état de cause, les trois descriptions que nous avons donné de la procédure d’intervention font toutes les trois ressortir l’absolue nécessité qu’un espace de contention comme nouvelle métadéfense institutionnelle se constitue pour contenir l’institution fantasmatique.
Trois niveaux différents de contention sont possibles, une contention presque physique dans le premier cas, une contention groupale et spatiale dans le second cas, une contention psychique dans le troisième cas.
Notre hypothèse concernant les institutions de soins s’énonce ainsi. Une certaine prise en compte de l’institution fantasmatique peut être réalisée dans les institutions de soins ; elle nécessite alors qu’une métadéfense supplémentaire soit élaborée. Celle-ci peut être décrite comme l’organisation, au sein de l’institution, d’un processus de contention de l’institution fantasmatique.
Groupe et contention de l’institution fantasmatique.
L’étude de la genèse et du développement d’un conflit en institution va nous permettre de décrire la quête, par les groupes de l’institution, de cet espace de contention pour l’institution fantasmatique.
Dans une institution pour jeunes filles « débiles mentales », l’éducateur-chef est surpris par un éducateur-stagiaire à « faire du pied » à l’une de celles-ci. Cet éducateur décide d’écrire ce qu’il a vu sur le cahier de bord. Apprenant ce fait, l’éducateur-chef fait alors pression sur le directeur pour que l’éducateur-stagiaire ne soit pas « confirmé au poste ».
(Cette confirmation devait intervenir quelques jours plus tard lorsque se termineraient les trois mois de stage de l’éducateur).
Cette nouvelle circule rapidement dans l’institution ; elle provoque une vive émotion au sein du groupe d’éducateurs.
Celui-ci décide de se mettre en grève si la confirmation au poste n’est pas effectuée immédiatement.
Ceci n’est pas possible légalement (système de convention de l’établissement) avant l’échéance de la durée du stage.
La grève commence donc et la nouvelle se répand dans toute la région : des travailleurs sociaux et groupes politisés commencent à se réunir autour du local de l’institution, encerclant même celle-ci. Un cordon de C.R.S. entoure à son tour manifestants et institution. A ce niveau du conflit, l’incident initial est oublié et aussi bien la grève que l’occupation de l’institution s’effectuent autour de thèmes syndicaux, en particulier autour de thèmes de défense de l’emploi en face des menaces de chômage par fermeture de l’établissement. Ceci d’autant plus que le directeur a été séquestré. Il portera plainte pour « non assistance à personne en danger », car, dit-il, il est « cardiaque et les éducateurs qui occupent son bureau ne laissent pas pénétrer de médecin ».
Il fait alors appel à un représentant de l’association de tutelle pour essayer de négocier avec les syndicats. Celui-ci, Zorro des temps modernes, arrive à franchir subrepticement les différents cordons protecteurs de l’institution et à pénétrer dans les locaux. Il peut alors rencontrer les délégués des différents syndicats et leur proposer de se réunir pour entamer les négociations.
Une série d’entretiens avec les membres de l’institution qui désirent le rencontrer lui assurent une confiance minimum (il est alors perçu comme « étant avec eux ») et le mettent au courant des principaux aspects du conflit. Une réunion de négociations peut alors être programmée et cette promesse de négociation permet aux manifestants extérieurs de se retirer, les C.R.S. avec eux ; le directeur est aussi libéré. Nous passons rapidement sur certaines péripéties de la mise en place de cette réunion qui ne fut pas organisée sans mal (1)
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- Un document complet relatant tous les mouvements de ce conflit est disponible à la bibliothèque du Centre de Recherche et d’Intervention concernant les inadaptations.
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La négociation va se poursuivre sur plusieurs semaines, son déroulement peut être décrit en deux temps :
Pendant une première période, les participants parlent « en représentation » (« je parle au nom de tel syndicat, de tel groupe du personnel »). Il est dit que chacun possède sa « casquette ». Pendant toute cette période, la réunion de négociation est menacée de dissolution (menace de démission des membres qui la composent). Puis, petit à petit elle parvient à survivre et un autre type de parole émerge et se développe, les membres de la réunion commençant à parler en leur nom propre.
Les thèmes abordés changent aussi, en particulier commencent d’être abordés les « problèmes de relation » des éducateurs avec les débiles. Celles-ci font alors leur apparition dans le discours, alors que personne n’en parlait plus, bien qu’elles n’aient pas cessé d’être présentes dans l’institution. Un autre incident va alors provoquer une certaine résolution fantasmatique. Le conseiller de l’Association, dînant un soir au réfectoire parmi les jeunes filles débiles, se montre fort tendre avec celles-ci, parle avec elles, les touche et va même jusqu’à prendre certaines de celles-ci sur ses genoux. Dans la réunion qui suit immédiatement le repas, il est fait allusion à ce qui vient de se passer et le problème du désir de l’éducateur à l’égard des jeunes filles est alors abordé.
Il apparaît ainsi que les éducateurs avaient édicté comme quasi-règle implicite de ne pas toucher les jeunes filles, et ceci d’autant plus que la sexualité de celles-ci était vécue comme incontrôlable et perverse (provocatrice à leur égard).
Nous allons commenter et analyser les principales phases de ce conflit du point de vue des métadéfenses et des procédures de contention.
La genèse du conflit est banale. La rencontre de deux pieds de niveaux institutionnels différents, accident déclenchant, ne devient un événement institutionnel qu’en fonction de sa proximité avec la représentation inconsciente d’un fantasme de scène primitive archaïque sadique.
Sorte de coït intrusif par le toucher qui réalise une effraction du moi-peau et duquel il faut se protéger en proscrivant tout contact (1) (2).
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- sur le rôle organisateur du fantasme de scène primitive.
Cf. E. Pons (1974).
(2) L’évènement n’est tel que par sa conjonction avec la structure (Cf. A. Creen –1970- P.1118 : L’affect surgit alors).
Si cet « accident » provoque un tel émoi, c’est parce qu’il fait saillir la structure des métadéfenses de cette institution.
L’affaire est dénoncée par un éducateur-stagiaire qui occupe une position institutionnelle particulière interne/externe qui le prédispose à occuper ce rôle de dénonciateur. La suite montrera que les autres éducateurs se sentent solidaires de l’éducateur-stagiaire et feront front avec lui. Cette solidarité s’effectue sur la base d’une identification sous-tendue par l’utilisation d’une même défense : la projection du désir dans l’éducateur-chef. Cette projection a pour corollaire que l’éducateur-chef, véritable système pare-excitation, conteneur de ce désir, ne se laisse pas déborder lui-même par les pulsions projetées, qu’il les contienne.
C’est là que celui-ci manque à sa tâche métadéfensive en « faisant du pied » à une jeune fille.
Des fragments de pulsion de mort sont aussitôt libérés par la faillite du système pare-excitation, et ceci aussi bien chez l’éducateur-chef que dans le groupe d’éducateurs. Cette présence de la pulsion de mort est attestée par plusieurs faits.
D’une part, l’éducateur-chef réalise une véritable « disqualification » de l’éducateur-stagiaire en demandant qu’il ne soit pas « confirmé au poste ». Il s’agit bien d’une « disqualification » car ce n’est pas le contenu qui sera contesté ou discuté, mais le contenant lui-même, l’éducateur-chef demandant l’exclusion de l’éducateur-stagiaire.
Nous avons analysé ailleurs (Roussillon 1976) cette procédure de communication paradoxale particulière qu’est la disqualification et montré qu’elle exprimait une forme de la pulsion de mort.
D’autre part, chez les éducateurs eux-mêmes qui réalisent une « attaque du cadre » légal et du système de convention qui régissent l’institution en demandant la confirmation immédiate au poste. Enfin les fantasmes de destruction de l’institution qui vont tout de suite apparaître signent l’entrée en jeu de l’image maternelle archaïque.
L’acte de l’éducateur-chef est vécu par tous comme une disparition de la loi elle-même et annonce le règne de l’abus de pouvoir, figure de la dominance fantasmatique de l’imago maternelle archaïque.
Le groupe d’éducateurs devra alors déployer une série de procédures défensives pour lier ces fragments de pulsion de mort libérés.
Deux types de contention imaginaire vont être convoqués. D’une part, une contention spatiale, d’autre part, une contention idéologique.
La contention spatiale se développe elle-même de deux manières différentes : d’une part, par l’encerclement du local de l’institution par les groupes extérieurs, d’autre part, par la séquestration du directeur.
La contention idéologique va trouver son espace imaginaire dans le discours syndical qui va alors être utilisé comme nouveau contenant, comme idéologie porteuse. Il ne s’agit pas bien entendu du discours syndical lui-même, mais de l’utilisation qui va en être faite.
(Réalisant ce que D. Anzieu nomme une enveloppe sonore –
Anzieu 1976).
Le problème va donc se métaphoriser en un problème de rapport employeur/employé. Que le conteneur idéologique ainsi investi soit le discours syndical ne doit pas nous étonner ;
la disqualification de l’éducateur-stagiaire par l’éducateur-chef indiquait assez clairement déjà que c’est un mode habituel de traitement des problèmes au sein de l’institution.
Les deux systèmes de contention imaginaire ainsi déployés vont avoir des effets paradoxaux. La pulsion de mort va en effet y redoubler de puissance.
Vont alors surgir des fantasmes de destruction plus intenses : mort du directeur, fermeture de l’établissement, disparition des « débiles », du discours (1).
La « solution » ne sera trouvée que du côté de l’organisation métadéfensive que le conseiller de l’association va élaborer. C’est l’échec des contentions imaginaires qui va permettre l’investissement de la réunion de négociation. Le système métadéfensif mis sur pied par le conseiller est double.
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(1) Menaces de destruction ou d’effondrement de l’institution comme pare-excitation.
Il rétablit d’une part la règle et le système de convention qui déterminent les rapports employeur/employés dans l’institution, et crée d’autre part un espace institutionnel permettant de contenir le conflit. Cette double mesure va permettre que le conflit soit contenu à un niveau plus économique et plus élaborable.
L’espace de la négociation va être investi rapidement comme métadéfense et ceci permettra un abandon du système de contention spatiale, libération du directeur et désencerclement du local.
Le réinvestissement des conventions comme métadéfense prendra par contre un certain temps. Pendant la première période, les participants vont conserver leurs « casquettes » (qui contiennent » la tête) idéologiques comme conteneurs d’appoint et ils ne les quitteront que lorsque le climat persécutoire entraîné par les conflits intersyndicaux et interpersonnels sera suffisamment élaboré. Ceci s’effectuera grâce à l’habilité du conseiller qui exercera une véritable fonction d’analyste institutionnel permettant de perlaborer et de contenir par sa parole l’ensemble des conflits. La réunion de négociation pourra alors être trouvée-créée comme espace de contention suffisamment bon. Les « casquettes » idéologiques pourront être abandonnées, et la relation de l’éducateur à son désir pourra être abordée. Ceci s’effectuera à la suite d’une véritable « interprétation agie » du conseiller qui montrera que le toucher n’est pas nécessairement destructeur et que les pulsions peuvent être contenues dans une peau, le conteneur étant ainsi enfin restitué au corps. Car si la problématique fantasmatique à laquelle l’institution étudiée nous confronte est celle des espaces et des moyens de contention, elle renvoie, dans le même mouvement, à la problématique du moi-peau comme « intériorisation » de la fonction contenante de l’environnement primaire.
Notre expérience d’autres institutions nous a montré combien la simple existence d’une réunion, qu’elle soit dite de synthèse, de « cas » ou « d’équipe » protège le reste de l’institution de la défusion fantasmatique, et combien la disparition d’une telle réunion avait immédiatement pour conséquence une intrusion fantasmatique dans tous les secteurs de l’institution, générant conflits et souvent disparition de l’institution elle-même. Le conteneur de relais syndical est souvent utilisé alors comme idéologie porteuse, il permet de réinstaurer des systèmes de rôles sociaux et des espaces de négociations.
C O N C L U S I O N
Nous espérons avoir établi que l’une des fonctions de défense de l’institution était homologue à la fonction de systèmes pare-excitation de la Mère-environnement que décrit Winnicott.
Nous proposons le terme de métadéfense pour décrire les dispositifs organisationnels que les institutions déploient pour suturer la pulsion de mort et qui doivent être distingués des mécanismes de défense des groupes qui habitent l’institution.
Les défenses des groupes sont particulièrement mobilisées lorsque le système métadéfensif présente des failles réalisant ce que l’on pourrait appeler, en reprenant Winicott, un « empiètement » institutionnel.
Ces réactions défensives structurent souvent des mécanismes paradoxaux et des situations paradoxales, et, dans les meilleurs cas, conduitsent à l’élaboration de mécanismes culturels et sociaux spécifiques.
Un cas particulier d’institution nous a été fourni par les institutions de soins. Dans celles-ci, les métadéfenses doivent prévoir des systèmes de contention de l’institution fantasmatique constamment réactivée par les clients de l’institution.
Ces espaces de contention peuvent être de simples réunions qui tiennent alors lieu d’espaces transitionnels dans l’institution, mais elles restent constamment menacées par les angoisses paranoïdes et dépressives si un conteneur intrapsychique sous forme d’une certaine fonction X (Bion 1962 – Kaës1976 c) ne parvient pas à s’y déployer.
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