Traumatismes

 0 0 Agonie, Clivage et symbolisation

 

 

Traumatisme primaire, clivage, et liaisons primaires non-symboliques.

 

         Je propose une série de réflexions relatives aux pathologies du narcissisme, aux souffrances identitaire-narcissiques, à celles qui mettent en difficulté la fonction subjectivante du moi, celles qui sont à l’origine du manque à être que toute cure de psychanalyse rencontre à un moment ou à un autre de son parcours, de manière centrale ou plus incidente. Il prolonge et poursuit, en la précisant la démarche entamée dans un ouvrage antérieur « Paradoxe et situations « limites » de la psychanalyse.

Essentiellement clinique dans sa visée fondamentale il vise néanmoins à proposer un modèle unitaire du processus à l’œuvre dans ses différentes formes de pathologies du narcissisme, modèle alternatif et complémentaire de celui proposé par Freud pour ce qui concerne les souffrances réputées névrotiques. Ce modèle a été lentement mûri depuis une dizaine d’années au fil de l’élaboration clinique et théorique comme les textes ici rassemblés en témoignent. Il tente d’extraire au sein de formes cliniques différentes, de tableaux cliniques variés, une séquence de processus psychiques « typique » des souffrances identitaire-narcissiques. Il propose un modèle de leur agencement et de leur fonction intrapsychique et intersubjective fondés sur l’hypothèse d’une organisation défensive contre les effets d’un traumatisme primaire clivé, et la menace que celui-ci, soumis à la contrainte de répétition, continue de faire courir à l’organisation de la psyché et de la subjectivité.

Dans l’ensemble des études proposées le premier chapitre, construit après-coup cherche à rassembler et à préciser les éléments organisateurs de la construction théorique que je propose, il résume les résultats de la recherche entreprise, son aboutissement actuel, fruit de l’élaboration progressive d’un parcours théorico-clinique qui a tenté d’en préciser, chemin faisant, les différentes étapes ou les différents moments. Il propose ainsi une vue d’ensemble d’une démarche qui n’a découvert que progressivement, et à l’avenant des méandres de son parcours, la logique qui l’animait depuis le départ. Il précise ainsi celle-ci après-coup et après les après-coups et détours nécessaires à son élaboration.

Les chapitres suivants reprendront en détail les différentes étapes de ma réflexion, ou mettront en évidence tel ou tel aspect des « briques » qui ont servi à son édifice, qu’il s’agisse des moments d’une clinique particulière ou d’un passage théorique difficile, tant l’une et l’autre sont ici étroitement intriqués. Cependant c’est ailleurs[1] qu’il faudra chercher les compléments métapsychologique qui pourraient naturellement accompagner une telle recherche, ils ne pouvaient trouver place dans l’élaboration proposée ici sans alourdir considérablement le propos et le dénaturer dans la mesure où il se veut fondamentalement clinique.

Le modèle du refoulement et du traumatisme « secondaire ».

 

         Avant de présenter le modèle du traumatisme primaire – qui est un développement du modèle du « traumatisme 1920 » de Freud- et d’aborder la question de ses effets intrapsychiques et intersubjectifs, il n’est peut-être pas inutile de rappeler le schéma implicite de la névrose tel qu’il peut être dégagé des premières élaborations Freudiennes. Il reste le modèle référentiel de la cure de psychanalyse dite « cure type » même s’il est clair que cette « typicité » ne se rencontre que très rarement en clinique : l’épure ne vaut que comme « type idéal » selon le terme de M Weber, elle permet de mesurer la nature des variations que la réalité concrète de la vie impose à tout modèle.

Le modèle de la névrose repose sur l’hypothèse selon laquelle la psyché, soumise à un conflit de mouvements pulsionnels ou subjectifs, refoule d’un des termes du conflit psychique pour tenter de traiter le déplaisir engendré par l’acuité du conflit.

Ainsi une expérience de satisfaction pulsionnelle entre en conflit avec la subjectivité soit du fait de son excès -menace de débordement de la psyché- qui rend son intégration difficile, soit en raison de son incompatibilité avec les exigences surmoïques ou certains aspects de la réalité externe dont celles-ci sont porteuses.

Le conflit actuel entre en résonnance avec un conflit historique -issue de la sexualité infantile- qui n’a pu être réglé à l’époque du fait d’une conjoncture traumatique, qu’à l’aide d’un refoulement. Le traumatisme historique a été refoulé et avec lui les représentations de désir qui s’y trouvaient impliquées. C’est pourquoi ce traumatisme peut être dit « secondaire »: la situation subjective à été vécue, représentée puis « secondairement » refoulée. Cependant le refoulement fut à l’origine d’une fixation qui a soustrait à l’évolution les motions pulsionnelles engagées. Ce point de fixation provoque un « archaïsme » qui attire les conflits actuels correspondants, il provoque à son tour un refoulement « secondaire » des conflits « actuels ».

Le moi continue de « choisir de ne pas choisir » en refoulant certains termes du conflit actuel, ce qui assure une possibilité de satisfaction inconsciente -c’est la réalisation hallucinatoire qui caractérise les processus primaires- aux motions pulsionnelles refoulées. Cependant le refoulé, soumis aux modalités de satisfactions inconscientes, reste actif et menace la subjectivité d’un « retour » envahissant des motions pulsionnelles refoulées et des représentations réminiscentes du conflit antérieur et de la conjoncture traumatique qui a présidé au refoulement premier.         Le désir ou le mouvement pulsionnel, représenté accompli dans le fantasme inconscient, menace l’intégrité du sujet alors en butte à l’une des formes de l’angoisse de castration.

Ainsi menacé le moi doit donc s’organiser contre le retour du refoulé et organiser des modalités de compromis face au conflit actuel qui l’oppose à ce retour. Ce sont les défenses qu’il met alors en oeuvre et le type de satisfactions substitutives qu’il peut mettre en place qui caractérisent le tableau clinique de l’état névrotique, ou de la conjoncture tranférentielle si le sujet se trouve être en analyse.

En cours d’analyse le désir inconscient et refoulé est activé par le transfert et le dispositif psychanalytique, il infiltre de ses « rejetons » les chaînes associatives qui portent alors des formes métaphorisées de ceux-ci. C’est à partir de cette métaphorisation, des déplacements qu’elle engendre, que l’interprétation va chercher le moyen de rendre possible une réintégration secondaire du refoulé afin de lui permettre de déployer dans le transfert ses enjeux actuels et historiques, et de livrer les caractéristiques du contexte infantile des premiers refoulements. Selon le schéma classique, la névrose clinique, transformées par l’analyse en névrose de transfert permet d’élaborer la névrose infantile.

Cependant un tel modèle n’est pertinent que si un certain nombre de conditions se trouvent être remplies. Ces conditions ont été dégagées petit à petit précisément à partir du relevé de leur manque dans d’autres conjonctures cliniques.

D »une part le travail de symbolisation primaire, celui qui rend possible une réalisation hallucinatoire inconsciente du désir, a déjà eut lieu. L’ensemble du processus se déploie dans l’espace représentatif, de bout en bout, les « agieren » ne concernent que l’effet des représentations inconscientes « agies » dans le transfert du fait de la tendance à la réalisation hallucinatoire du désir. Les représentations sont transformées en acte par l’actualisation hallucinatoire, mais elles sont ou ont été constituées en représentations de choses. C’est une autre manière de dire que le processus se déploie sous l’égide ou la domination du principe du plaisir/déplaisir et que la difficulté n’est que celle de sa transformation en principe de réalité.

Le narcissisme reste suffisamment « bon », il permet l’organisation d’une illusion qui rend le transfert, sous le primat du principe du plaisir, possible et rend ainsi envisageable un travail de deuil, « fragments par fragments », des réalisations de désirs infantiles mises à jour par le travail psychanalytique. Dans un tel schéma le processus de la cure « améliore » le narcissisme et le fonctionnement psychique du patient qui en tire des bénéfices même dans les moments de transfert « négatifs » du fait de la levée progressive des refoulements.

Ce modèle qui dialectise refoulement, retour représentatif du refoulé, et défenses annexes contre le retour du refoulé etc…., a fait ses preuves dans l’analyse des composantes narcissiques des états névrotiques, c’est un modèle « première topique » typique, il ne peut cependant rendre compte de l’intégralité des souffrances narcissiques-identitaires. C’est précisément parce qu’il ne rend pas compte de toute une partie des souffrances identitaires-narcissiques que les pivots conceptuels de ce que l’on appelle la « seconde topique » ont du être élaborés[2] et avec eux un modèle alternatif de celle-ci.

Certains pans de la vie psychique ne sont pas refoulables parce qu’ils ne sont pas représentés -c’est le sens de la distinction moi/ça- bien qu’ils soient « inconscients », c’est à dire non intégrés dans la subjectivité. Nous verrons qu’il faut disposer d’un autre terme, le clivage, pour décrire leur situation topique par rapport au moi. Ces expériences psychiques, « inconscientes » bien que non refoulées, affectent le narcissisme et le rapport au manque d’une toute autre manière que ce qui est représenté et refoulé, elles sont à l’origine de ce que j’appelle les souffrances identitaires-narcissiques, celles qui sont plus caractérisées par le manque à être que par le manque dans l’être. Leur présence dans les alcôves du fonctionnement psychique fait subir à celui-ci une série d’infléchissements qui modifient le cours des processus transférentiels et le régime de l’écoute psychanalytique. C’est ce qu’il nous faut maintenant essayer de décrire.

Le transfert paradoxal et le tableau clinique des conjonctures transférentielles narcissiques.

 

         Dans les mouvements transférentiels issus d’un fonctionnement psychique ou domine la dialectique refoulement/ retour représentatif du refoulé, l’analysant vient tenter de montrer, par métaphore ou déplacement, ce qu’il n’entend pas de lui mais qu’il sent confusément, ce qui se manifeste en lui, déguisé, et en souffrance de prise de conscience. Il vient montrer dans le langage, pour le faire entendre, ce qu’il n’arrive pas à accepter de lui mais dont il « sait » la présence interne. C’est là le sens de l’inconscient au sens du refoulement. « Savoir » sans savoir que l’on sait, faire entendre ce que l’on sent mais n’entend pas de soi.

Dans les conjonctures de transfert « narcissique » le tableau clinique s’infléchit en direction d’une forme paradoxale de cette dialectique intersubjective. L’analysant vient plutôt faire sentir ou voir un pan de lui qu’il ne perçoit pas directement, qu’il ne sent ou ne voit pas de lui, mais dont il peut mesurer les effets indirects sur les autres ou sur lui-même. Il « demande » à l’analyste d’être ce que l’on pourrait appeler « le miroir du négatif de soi« , de ce qui n’a pas été senti, vu ou entendu de soi, ou du mal senti, mal vu ou entendu de soi.

Au transfert « par déplacement » qui caractérise les formes de la névrose de transfert, se substitue ou s’ajoute ainsi une forme de transfert « par retournement » dans lequel le sujet vient, en parallèle mais clivé de ses possibilités d’intégration, faire vivre à l’analyste ce qu’il n’a pas pu vivre de son histoire.

Ce premier paradoxe du transfert : faire sentir à l’autre ce que l’on ne sent pas de soi, ce que l’on ne souffre pas de soi, entraîne une série d’autres formations paradoxales, une série d’autres infléchissements du transfert dans lesquels le paradoxe tend à se substituer au conflit psychique subjectivement perçu[3].

Dans le même mouvement perception et sensation se substituent elles aussi à l’ordre représentatif, et ce qui se donne comme réalité, comme objectivité, en impose à la représentation fantasmatique subjective.

Dans la foulée de cette première dérive des chaînes associatives se profile un monde beaucoup plus dominé par la contrainte (double ou multiple contrainte paradoxale) que par les logiques du choix, fut-ce celles du droit au choix de ne pas choisir. Ces contraintes génèrent des situations en impasse dans lesquelles aucun compromis ne paraît satisfaisant ni même simplement envisageable. Confronté à ces situations en impasse le sujet réagit par la détresse, le désespoir ou le retrait plutôt que par un processus de renoncement ou de deuil. Car la question qui apparaît alors est celle du non-advenu de soi[4] plutôt que celle de la perte, le paradoxe du processus de deuil étant de confronter alors le sujet au fait d’avoir à renoncer à ce qui n’a pas pu être de lui plutôt qu’à ce qui a été et fut perdu.

C’est dire que l’univers transférentiel est alors plus sous la domination des problématiques de la négativité que de celles de l’intégration et du lien. Dans le même mouvement la destructivité ou certaines formes de la pulsion de mort occupe le terrain en lieu et place de la libido et le rapport à l’objet apparaît alors interprétable comme subordonné à la question de l‘utilisation de l’objet (Winnicott 1971, Roussillon 1991) plutôt que par celle, plus « classique », de la relation d’objet. Son enjeu rencontre et s’affronte à la question du narcissisme des objets référentiels du sujet auxquels celui-ci a dû plier son identité et ses tentatives de subjectivation. L’idéal du moi ayant alors largement pris le pas sur la question de la régulation surmoïque.

Enfin, last but not least, la contrainte de répétition prend le pas sur le principe du plaisir-déplaisir.

Un rapide exemple clinique issu de la cure de celle que j’ai appelé « Noire » dans un travail précédent[5] fera mieux comprendre comment se nouent les contraintes de l’espace subjectif dans les conjonctures transférentielles que je cherche à cerner ici.

Pour essayer de préciser les conditions subjectives de la relation à son objet primaire Noire imagina une variante serrée de l’alternative du film et livre : « Le « choix » de Sophie ». Dans ce film est mis en scène l’alternative devant laquelle un bourreau place une mère : pour sortir du camp de la mort et ainsi assurer sa survie une mère doit accepter de « choisir » de sauver l’un de ses deux enfants et donc de sacrifier l’autre. C’est là une position « limite » du choix dans la mesure ou l’on ne peut guère envisager d’issue réellement satisfaisante à une telle alternative. C’est une position « limite » du choix mais elle reste « jouable » dans la mesure ou l’acceptation du sacrifice de l’un des deux enfants permet quand même de sauver l’autre et de se sauver soi-même. Le principe du plaisir-déplaisir qui est sous-jacent à la possibilité même d’un choix peut quand même trouver à y inscrire sa marque.

Dans la variante imaginée par Noire pour rendre compte des impasses de sa relation à sa mère, une fois le « choix » de la mère effectuée en la présence de ses deux enfants, le bourreau décide de sauver l’enfant que la mère a décidée de sacrifier et donc de tuer celui qu’elle avait choisi de sauver. L’enfant sacrifié par la mère, celui qu’elle a choisi de tuer, survivra donc en rencontrant dans le regard de celle-ci la trace des effets subjectifs de son choix.

Dans l’histoire effective de Noire il n’y a pas de bourreau et c’est à l’intérieur de la mère que le « choix » fut rencontré à la suite d’une grave maladie infectieuse qui s’était emparée des deux filles de la famille. Elle, Noire, la seconde, la plus fluette, la moins satisfaisante pour la mère fut la seule à survivre malgré le souhait maternel que ce fut l’autre, l’ainée, plus investie, qui survive. Plus tard Noire devait apprendre de la bouche de sa mère comment cette dernière avait souhaité que la plus âgée des deux soeurs survive s’il fallait choisir entre les deux. Ou plutôt elle apprit de sa mère que, face à la mort de aînée la mère eut plutôt souhaité que ce fût elle, la seconde, qui succombât.

La relation mère/fille-survivante ne résista pas à cette épreuve et Noire dû grandir hantée par la présence fantomatique de la soeur « choisie » dans son coeur par sa mère, avec toutes les difficultés que l’on imagine quand à sa possibilité de devenir l’héroïne de son histoire. À la détresse agonistique liée à la grave maladie infantile se mêla chez elle l’effet de l’impossible deuil de l’aînée chez la mère et la haine et l’envie s’exerçant contre la survivante.

Bien sûr l’histoire clinique de Noire fut beaucoup plus complexe que cette simple vignette ne le laisse entendre, mais celle-ci suffit peut-être pour remplir son office présent, commencer à faire sentir les paramètres subjectifs de l’impasse narcissique sur laquelle j’attire ici l’attention. et les liens qu’elle entretient avec la question du traumatisme primaire sur lequel il faut maintenant revenir en détail.

Le traumatisme primaire et l’expérience agonistique.

         En effet la perlaboration clinique du tableau transférentiel que nous avons brossé plus haut conduit régulièrement à mettre en évidence un type d’expériences subjectives issues d’une conjoncture traumatique primaire qui exerce ses effets sur l’ensemble du tableau clinique. J’aimerais essayer maintenant de modéliser les temps et caractéristiques de ce que je propose d’appeler le traumatisme primaire pour le différencier du traumatisme secondaire qui n’affecte quant-à-lui que l’intégration de l’expérience dans la secondarité. Comme nous allons essayer de le montrer le traumatisme primaire affecte l’organisation des processus et de la symbolisation primaire[6] eux-mêmes.

En 1920, Freud propose une théorie du traumatisme issue de l’effraction du pare-excitation par de trop grande quantité d’excitation. Winnicott ajoute l’idée d’une expérience subjective en trois temps X+Y+Z, qui ne devient que progressivement traumatique en fonction des aléas des réponses ou de l’absence de réponses de l’environnement. De telles ébauches, pour autant qu’elles soient contextualisées et dialectisées aux mouvements complémentaires des objets, fournissent une base pour penser la notion de traumatisme primaire dans son développement et ses différentes particularités.

Le modèle que je propose s’adapte particulièrement bien aux traumatismes précoces ou précocissismes mais il vaut aussi pour n’importe quelle expérience de débordement et de détresse face à ce débordement, même celles qui affectent l’appareil psychique à un age plus tardif. Je reprends l’idée de trois temps dégagée par Winnicott qui permet de penser comment la situation initiale, qui n’est que potentiellement traumatique, finit par le devenir si l’entourage n’apporte pas de réponse adéquate.

Temps X.

Dans ce premier temps il nous faut envisager l’appareil psychique menacé par un afflux d’excitation qui le menace de débordement soit du fait de l’immaturité de ses moyens soit du fait de l’intensité des quantités engagées. Sous cette menace la psyché fait « donner » ses ressources internes disponibles pour tenter de lier ou de « décharger » l’afflux de quantité. Selon l’age ou le degré de maturation de la psyché on peut envisager des tentatives de liaison ou de décharge à l’aide de la satisfaction hallucinatoire du désir, ou des auto-érotismes, ou encore à l’aide de la mise en oeuvre du champ moteur, de la destructivité etc…

La caractéristique fondamentale du temps X est que les ressources internes et « auto » s’épuisent et se trouvent mises en échec -soit du fait de l’insatisfaction des auto-érotismes infantiles ou de la solution hallucinatoire, soit du fait de l’échec des capacités de liaison ou de décharges d’une manière plus générale. C’est cet échec qui fait basculer dans le temps suivant le temps X+Y.

Temps X+Y.

L’épuisement des tentatives de solutions internes, l’échec des ressources internes du sujet, déclenche un état de détresse[7] qui est un état de tension et de déplaisir intense, sans issue interne, sans fin et sans représentation.

Deux cas se présentent alors.

Si l’état de détresse s’accompagne de traces mnésiques d’expériences de satisfaction en relation avec l’objet il devient alors un état de manque, c’est à dire un état d’espoir en relation avec la représentation d’un objet de recours.

Si l’objet de recours « survit » à la détresse et au manque, c’est à dire s’il apporte à temps la satisfaction[8] qui apaise l’état de tension, cette réponse de l’objet fournit la base d’un « contrat narcissique »[9] avec l’objet. Selon celui-ci l’objet sera investi comme objet du manque s’il assure par sa présence un palliatif aux états de détresse. L’objet sera aimé pour sa présence, il manquera en son absence et en sera haï, il sera donc l’objet d’un conflit d’ambivalence. Le contrat narcissique assure la base d’un processus de socialisation fondé sur la reconnaissance du manque de l’autre, puis du manque de l’autre chez l’autre, il est génératif de relation d’objet et de leur organisation triangulée.

L’autre face du contrat narcissique est celle du prix à payer pour s’assurer du recours de l’objet en cas de besoin. Le prix « minimum » à payer est de témoigner du conflit d’ambivalence qui assure du prix de l’objet et du lien maintenu même dans l’absence de celui-ci. Mais il arrive que les objets « exigent » plus du sujet pour maintenir la base du contrat narcissique, qu’ils assortissent leur recours et leur « amour » d’une série de conditions qui font alors partie du prix à payer pour le maintient de la reconnaissance narcissique implicite au « contrat »[10]. Ce n’est pas l’objet de cette tentative de modélisation que de détailler les différentes conjonctures qui peuvent alors se présenter, même si celles-ci ont une importance clinique notable, et qu’elles sont à l’origine de toute une partie des pathologies du narcissisme dans la conditionnalité d’être qu’elles instaurent. Les alliances pathologiques qui se nouent alors avec l’objet peuvent être considérées comme la base des organisations dites en « faux-self » par Winnicott. Mais il peut arriver que le prix à payer soit tellement aliénant qu’il menace l’existence même d’un contrat narcissique possible, et que celui-ci ne puisse s’instaurer ou ne s’instaure que très partiellement.

Venons en maintenant à l’autre branche de l’alternative, celle qui concerne l’échec de la mise en place du contrat narcissique.

Si l’objet ne se présente pas, ou si la réponse qu’il apporte au besoin du sujet est trop insatisfaisante, ou encore si le prix à payer pour obtenir un recours de celui-ci excède les capacités du sujet, l’état de manque dégénère sous l’effet de la rage impuissante qu’il mobilise, et l’on passe au temps X+Y+Z.

Temps X+Y+Z.

L’état de détresse et de manque de l’objet dure un temps Z, au-delà du supportable. L’état de manque se dégrade, il dégénère en un état traumatique primaire. Si la souffrance psychique est au premier plan elle produit un état d’agonie (Winnicott), s’il s’y mêle de la terreur liée à l’intensité pulsionnelle engagée, elle produit une terreur agonistique ou une « terreur sans nom » (Bion).

Ces états traumatiques primaires possèdent un certain nombre de caractéristiques qui les spécifient. Ce sont, comme les états de détresse, des expériences de tension et de déplaisir sans représentation (ce qui ne veut pas dire sans perception ni sans sensation), sans issue, c’est à dire sans recours interne (ceux-ci ont été épuisés) ni recours externe (ceux-ci sont défaillants), des états au-delà du manque et de l’espoir.

Ces états traumatiques primaires rencontrent donc une impasse subjective, ils provoquent un état de désespoir existentiel[11], une honte d’être, qui menacent l’existence même de la subjectivité et de l’organisation psychique. Le sujet se sent « coupable » (culpabilité primaire pré-ambivalente) et responsable de n’avoir pu faire face à ce à quoi il était confronté, il risque de « mourir de honte » au constat de la blessure identitaire-narcissique primaire que lui inflige la situation traumatique. La subjectivité est confrontée à ce que je propose d’appeler, à la suite de B Bettelheim, une « situation extrême » de la subjectivité.

Le clivage du moi.

La seule issue à cette situation en impasse est paradoxale. Pour survivre le sujet se retire de l’expérience traumatique primaire, il se retire et se coupe de sa subjectivité. Il assure, c’est là le paradoxe, sa « survie » psychique en se coupant de sa vie psychique subjective. Il ne « sent » plus l’état traumatique, il ne se sent plus là ou il est, il se décentre de lui-même, se décale de son expérience subjective[12].

Dans la ligne des propositions de Freud de l’Abrégé ou de la fin de Constructions en analyse il me semble opportun de repérer dans ce processus de retrait hors de soi une forme de clivage du moi. Seul ce concept permet de respecter le paradoxe d’une défense qui opère par coupure ou retrait de la subjectivité et pas seulement par retrait ou soustraction de la représentation ou refoulement de l’affect.

L’aspect paradoxal de cette défense extrême tient au fait que le moi se clive d’une expérience à la fois éprouvée et en même temps non constituée comme une expérience du moi, ce qui supposerait qu’elle ait pu être représentée. D’un coté l’expérience a été « vécue » et donc elle a laissée des « traces mnésiques » de son éprouvé et en même temps d’un autre coté elle n’a pas été vécue et appropriée comme telle dans la mesure ou, comme le dit Winnicott, elle n’a pas été mise « au présent du moi » ce qui supposerait qu’elle ait été représentée.

A la différence du clivage évoqué par Freud dans l’article de 1937, Le clivage du moi dans le processus de défense, qui décrit la déchirure d’un moi écartelé entre deux chaînes représentatives incompatibles entre elles, le clivage que nous décrivons déchire la subjectivité entre une partie représentée et une partie non représentable, c’est plus un clivage « au » moi qu’un clivage « du » moi. Cependant c’est un clivage de la subjectivité et la partie non représentée est néanmoins « psychique » et « subjective » et comme telle elle « devrait » appartenir au moi.

Par ailleurs il me paraît important de penser un modèle d’ensemble de la souffrance identitaire-narcissique et de subsumer les formes de celle-ci sous l’égide d’un processus unique : le clivage. Ceci va d’ailleurs dans le sens de l’évolution du concept proposé par Freud dés l’année suivante dans l’Abrégé ou Freud fait du clivage le processus organisateur des failles du narcissisme.

Cependant notre analyse antérieure décrit un processus de défense et non une organisation structurale comme le sont les pathologies du narcissisme, pour passer de l’un à l’autre il est nécessaire de faire intervenir des hypothèses complémentaires pour parfaire notre représentation des pathologies identitaires-narcissiques. Dans l’état de notre description nous ne sommes pas encore parvenus à une structuration de la défense narcissique, mais seulement à une première mesure de « survie » psychique.

Le problème de la liaison primaire non symbolique.

 

         Pour compléter notre schéma d’ensemble et le tableau que nous proposons, il faut garder à l’esprit que le fait de se cliver des traces de l’expérience traumatique primaire ne fait pas pour autant disparaître celle-ci. Elle ne la fait disparaître que pour la subjectivité consciente, elle ne la fait pas disparaître pour la subjectivité « inconsciente » au sens du clivage, qui en conserve la trace.

Les traces de l’expérience traumatique primaire sont « au-delà du principe du plaisir-déplaisir ». C’est la défense qui est sous le primat du principe du plaisir et qui le représente, les traces perceptives, elles, sont par contre soumises à la contrainte de répétition. Ce qui veut dire qu’elles vont être régulièrement réactivées sous la poussée de celle-ci, qu’elles vont donc tendre à être hallucinatoirement régulièrement réinvesties.

Leur réinvestissement va tendre à menacer la subjectivité et le moi d’un retour de l’expérience traumatique : le clivé tend aussi à faire retour. Et dans la mesure ou il n’est pas de nature représentative, le retour du clivé n’est pas non plus de nature représentative, c’est en acte qu’il risque de manifester ses effets, c’est à dire qu’il risque de reproduire l’état traumatique lui-même.

Le clivage donc ne suffit pas, il va falloir le répéter ou organiser des défenses contre le retour de l’état traumatique antérieur[13]. Ce sont les défenses complémentaires mises en oeuvre par la psyché pour tenter de lier et de juguler de manière stable le retour du clivé qui vont caractériser le tableau clinique des défenses narcissiques et les différentes formes des pathologies identitaire-narcissiques.

La première modalité qu’il nous faut envisager est celle d’une tentative de retour à l’état antérieur X+Y, celui dans lesquels un « contrat narcissique » aliénant peut encore se nouer avec l’objet. Face à la menace de catastrophe psychique que fait encourir au sujet son refus de conditions aliénantes le sujet opére une reddition secondaires aux conditions d’un « contrat narcissique » avec l’objet. Plutôt celui-ci, quelque aliénant qu’il soit, que la confrontation aux angoisses sans nom de l’état agonistique, que la radicale non-assignation à laquelle il confronte. Le sujet, pour rester en lien ou constituer un lien avec l’objet accepte d’en passer par les « Fourches Caudines » de celui-ci, pour maintenir l’alliance avec l’objet il accepte de s’amputer d’une partie de lui-même qui reste alors en « souffrance », errant dans la psyché, non-advenue à soi. Certaines formes de masochisme (cf le contrat de la « Vénus à la fourrure » de S Masoch) certains « Pactes dénégatifs » (R Kaës 1989), certaines formes de relations « incestuelles » (P C Racamier) se nouent alors sur la base du « choix » de l’objet aussi insatisfaisant et aliénant fut-il, plutôt que le retour de l’agonie. Sur cette base une certaine symbolisation peut se développer, mais dans la zone concernée par la proximité avec la zone traumatique, elle restera relativement rigide et fixée, toujours potentielleemnt menacée par un retour de l’agonie dès qu’une séparation d’avec l’objet se présentera, dès que les conditions du « pacte » avec l’objet seront en péril.

Il nous faut examiner aussi l’hypothèse d’une symbolisation « secondaire » après-coup des agonies primaires. On ne peut en effet exclure, et la clinique le confirme, que l’expérience traumatique primaire ne soit venue « secondairement » infiltrer de boursouflures hallucinatoires des expériences postérieures auxquelles elle serait ainsi venue se mêler, se lier et s’intriquer, voire même grâce à cette intrication, se symboliser. La résistance au travail psychanalytique et à la levée du refoulement de certains symptômes névrotiques indiquent souvent qu’ils drainent des enjeux d’une autre nature.

Un refoulement peut masquer un clivage, si l’inverse peut aussi se rencontrer et si un clivage antérieur peut aussi contribuer au refoulement. Le travail psychanalytique nous a en effet habituer à concevoir une psyché en strates où nous rencontrons des couches successives de défenses dans lesquelles se mêlent des expériences psychiques de différents ages et de différentes natures. Il est même vraisemblable que l’intrication et la reprise secondaire des caractéristiques des agonies primaires est fréquente, l’intensité de certaines formes de résistance à l’intégration du manque et à l’élaboration de l’angoisse de castration[14] l’indique assez.

Mais l’expérience clinique montre tout autant que, dans un certain nombre de cas, il n’y a pas eut de travail de reprise après-coup de l’expérience traumatique primaire et que celle-ci est restée clivée des processus intégrateurs. Beaucoup plus que le refoulement le clivage provoque des « fueros »[15], espèces d’extraterritorialités « utopiques » ou atopiques qui semblent traverser les ages sans être remaniés par les expériences ultérieures, c’est d’ailleurs sans doute même la caractéristique centrale des états clivés de la psyché.

Comment comprendre que le travail psychanalytique puisse retrouver des traces de ces agonies primaires non ou très peu remaniées par l’histoire? Cette question se superpose à celle de la manière dont l’expérience traumatique a été liée de manière non symbolique au plus près de ses modalités d’enregistrement historique.

Nous l’avons dit se sont les modalités de liaison primaire non symbolique qui spécifient le mieux les tableaux cliniques des pathologies identitaires-narcissiques, c’est à partir de leurs différentes modalités qu’il faut décrire les destins du retour du clivé. Ces « solutions » pour faire pièce au retour du clivé sont des solutions solipsistes dans leur fond même si elles peuvent s’accomoder d’appoints issus des objets, elles s’apparentent à ce que M Khan, à la suite de Winnicott, nomme les « auto-cures » c’est à dire les solutions qui ne procèdent par d’emblée d’une forme d’intériorisation symbolisante de l’expérience subjective, mais au contraire montrent le sujet tenter de « traiter » ce à quoi il a été confronté, sans passer par le couteux défilé de la symbolisation et des deuils que celle-ci engendre nécessairement. Ce ne sont pas non plus des modalités à proprement parler « auto-érotiques » qui ne se conçoivent bien que comme une forme de commerce interne avec l’objet dans l’ordre représentatif, elles s’apparentent plutôt à des formes d’auto-sensualité telles que les auteurs Anglo-saxons les décrivent ou encore aux « procédés auto-calmants » décrits en particulier par G Swec[16].

L’appauvrissement du moi, déjà relevé par Freud à propos du « traumatisme 1920 », apparaît comme une caractéristique générale de ces différents tableaux cliniques, c’est par lui qu’il nous faut commencer notre parcours. Il est toujours présent, même s’il n’est pas toujours manifeste, du fait de l’amputation que le clivage fait subir à l’être. Mais à côté du manque à être ainsi de fait impliqué, l’appauvrissement du moi résulte aussi du fait que les modalités de défenses narcissiques sont caractérisées par le fait que la psyché « exploite » une partie d’elle même pour tenter de faire pièce au retour du clivé et opérer les contre-investissements alors indispensables. On peut même dire que c’est la « meilleure partie » de la psyché qui s’emploie et s’aliène à la tâche de protéger le reste de la psyché des retours traumatiques primaires. Cette « exploitation » de certaines parties de soi avait déjà été fortement notée par S Ferenzci dans ses travaux sur le traumatisme, elle est aussi à l’origine de l’impression de « faux self » noté par Winnicott à propos des pathologies du narcissisme. L’important est de noter que l’aliénation d’une partie de la psyché à des tâches défensives ne permet pas à celle-ci de tirer de véritables bénéfices narcissiques primaires de cette activité, c’est le prix à payer pour assurer des tâches de « survie » psychique.

Mais l’appauvrissement du moi, toujours plus ou moins présente donc, peut être plus manifeste et au premier plan du tableau clinique. C’est ce qui se passe quand domine le premier type de « liaison primaire  » non symbolique que je souhaite décrire maintenant : la neutralisation énergétique.

La neutralisation énergétique.

 

         Elle consiste principalement à tenter de neutraliser le retour du clivé par une organisation d’ensemble de la vie psychique destinée à restreindre autant que possible les investissements d’objet et les relations risquant de réactiver la zone traumatique primaire et l’état de manque dégénératif qui l’a accompagné. Tout manque risquant de réinvestir l’état traumatique, toute relation qui peut générer un retour du manque sera évité ou « gelée », tout engagement sera ainsi restreint et avec lui la vie qui va avec. La neutralisation peut être utilisée comme mécanisme d’appoint de l’organisation narcissique ou peut être le mécanisme principalement utilisé.

Un premier exemple clinique historiquement bien connu est celui de Norbert Hanold héros de la « Gradiva », qui « pétrifie » sa vie, sans doute à la suite de la mort soudaine de ses deux parents (ce que Freud ne relève pas mais qui est présent dans l’histoire de Jansen), avant que petit à petit Gradiva-Zoé ne vienne réveiller le volcan qui sommeillait ainsi. Les caractéristiques de la clinique de l’histoire d’Hanold ne sont pas celles, contrairement à ce que Freud, qui ne possède pas à l’époque le concept de clivage, développe dans son analyse, du refoulement et du retour du refoulé. Ce sont plutôt celles de la déneutralisation d’un clivage, comme les figures du fétiche, nombreuses dans la clinique de l’histoire[17], le montrent à l’évidence, que le processus de réveil du héros révèle[18].

Ce n’est pas la place de développer ici[19] dans le détail l’analyse qui permettrait d’asseoir cette proposition, je me contente d’indiquer à celui qui veut bien me suivre sur cette voie, que les rêves du héros prennent alors le sens d’une mise en scène auto-représentative du processus de « pétrification » qui métaphorise, dans l’histoire, le processus de neutralisation qui fait suite à la catastrophe psychique et au clivage. Dans l’histoire de Gradiva à la liaison non symbolique énergétique, la neutralisation, fait suite, de manière sans doute transitoire, une sexualisation de la liaison qui aboutit à l’ébauche d’une suture (cf. la suite de mon développement) de type fétichique, plus économique dans la mesure ou elle rend plus possible une certaine forme de relation d’objet.

Une autre métaphore clinique de la neutralisation est celle du « Gel ». Elle est filée, mais de manière non métaphorique, par Freud dans « Vues d’ensemble sur les névroses de transfert » . Dans ce texte Freud fait d’un temps préhistorique de glaciation le point de fixation originel de plusieurs des névroses de transfert, comme s’il cherchait dans le processus de gel à la fois une modalité de la conservation dans l’état, forme de pseudo-latence selon le terme de J Bergeret, et le point de neutralisation historique d’une catastrophe identitaire archaïque.

L’histoire de Joey et de Gerda dans le célèbre conte d’Andersen La reine des glaces peut aussi servir à illustrer cette modalité de neutralisation de la partie clivée. Là encore je ne peux fournir ici le détail de l’analyse qui me permettrait de le mettre de en évidence, mais l’histoire du conte met en lumière la manière dont une partie blessée de la psyché, représentée dans le conte par Gerda, tente de reprendre contact avec la partie clivée et gelée d’elle-même -représentée par Joey dans le conte- qui se trouve être enfermée à jamais dans le palais de la reine des glaces[20]. Se trouvent ainsi être métaphorisé le parcours et le sacrifice d’une partie de l’appareil psychique qui tente de se porter au secours pour le réanimer de ce qu’elle a dû cliver d’elle-même pour survivre, et sans laquelle elle ne peut pas vivre néanmoins. Mais ce qui nous importe ici plus directement est la manière dont le contact avec la partie clivée est rendu impossible, c’est à dire la glaciation, le gel psychique, qui est autant un gel affectif qu’un gel de l’activité psychique elle-même.

Dans le processus de neutralisation énergétique simple, qui est bien sûr apparenté à des formes de dépression « froide », c’est à dire sans son cortège d’affects dépressifs, ce qui est une différence clinique notable, tout semble se passer comme si la psyché, confronté à l’échec de ses tentatives pour intégrer l’expérience traumatique, parvenait à mettre celle-ci de côté en attendant qu’un objet – Zoé, Gerda- vienne, au nom de l’amour ou en vertue d’une forme de contrat narcissique extrême, retrouver et vivifier ou réchauffer la partie dont le sujet avait dû se cliver.

Je terminerais ces quelques remarques sur la neutralisation énergétique et sur l’appauvrissement du moi qu’elle entraîne par une interrogation sur ses liens avec ce que les psychosomaticiens à la suite de P Marty ont pu appeler la pensée opératoire ou le fonctionnement opératoire. Nous verrons plus loin que je propose, à la suite de Freud, de considérer que l’une des formes de liaison non symbolique du retour du clivé est la somatose ou la liaison « bio-logique ». Dans cette perspective rien n’empêche de considérer que le fonctionnement opératoire est l’effet sur la psyché de la neutralisation énergétique mise en place pour protéger la psyché du retour du clivé d’expérience de type agonistique.

Si la neutralisation énergétique, la mobilisation de contre-0 0 Agonie, Clivage et symbcharges comme le dit Freud en 1920, fait partie de la plupart des tableaux cliniques du clivage, j’ai aussi indiqué qu’elle était souvent accompagnée de modalités défensives d’appoint. L’une d’entre elles concerne les formes dites « perverses » de tentatives de reliaison secondaires.

Liaison primaire non symbolique et sexualisation.

 

         Les deux formes les plus classiques de celle-ci, celles sur lesquelles la psychanalyse, à la suite de Freud, a principalement mis l’accent, sont le masochisme « pervers » et le fétichisme, j’entends ici les comportements qui résultent d’une utilisation perverse de la sexualisation et non son organisation fantasmatique.

La forme générale de cette modalité de liaison non symbolique est celle que Freud a évoquée autour de la notion de co-excitation libidinale. L’idée ici centrale est que les expériences traumatiques non élaborées vont tenter d’être réintégrées dans la subjectivité en utilisant les possibilités de liaison conférée par l’excitation sexuelle, et ainsi tenter de l’inscrire sous la domination du principe de plaisir-déplaisir.

Dans la liaison de type « masochique » grâce à la co-excitation libidinale l’expérience traumatique est maîtrisée et retournée en expérience productrice de plaisir. Face au retour « contraint » de l’expérience agonistique, face au retour passivement vécu de l’état antérieur, la psyché et le moi se comportent comme s’ils étaient l’agent de ce à quoi ils se trouvent de fait assujettis. Comme si la psyché puisait dans ce mal être la source de son bien[21].

La co-excitation libidinale ne doit pas en effet être considérée comme un processus physiologique qui relèverait d’une forme particulière de l’activité libidinale, c’est plutôt une forme de sexualisation seconde d’une expérience n’ayant pas entraîné de satisfaction primaire. Face à l’impuissance vécue dans l’expérience traumatique, face à la défaite du moi dans le traumatisme, la psyché préfère ainsi se présenter comme l’agent, comme l’acteur, de ce à quoi elle ne peut se soustraire.

Tout ce qui est « dans » la psyché est alors considéré comme provenant du moi, comme un souhait accompli du moi qui ainsi tente d’assurer son emprise sur tout ce qui l’habite. Magiquement le moi ou le sujet « désire » ou feint de désirer ce qu’il est impuissant à éviter ou à juguler. La position masochique ne se comprend bien que par rapport à la problématique de la maîtrise, que par rapport à son enjeu d’abord et avant tout narcissique. Ici la sauvegarde narcissique est obtenue à l’aide d’un brouillage du registre du plaisir et de celui du déplaisir : le clivage est déconstruit, et maintenu d’une certaine manière par cette procédure,  grâce à la confusion et à l’inversion du « bon » et du « mauvais ». Le sujet préfére se sentir coupable, mais donc « responsable » et actif, maître, que retrouver l’impuissance et la détresse du vécu agonistique[22].

Dès 1915 Freud avait avancé l’idée que les processus de retournement22 précédaient le refoulement, ils s’inscrivent donc entre clivage et refoulement, prennent le relais de clivages trop coûteux énergétiquement, tentent de rendre possible des refoulements secondaires devenus alors potentiellement envisageables grâce à la liaison ainsi réalisée. Le moi traite une déchirure de sa toile de fond comme une particularité emblématique de son organisation représentative, comme un blason de son originalité.

C’est la « magie » du processus qui bafoue l’organisation symbolique, en traitant l’expérience traumatique comme si elle était intégrée symboliquement dans la subjectivité, en tentant de faire ainsi l’économie du travail psychique nécessaire à son intégration effective. On a pu évoquer en ce sens à propos de la position masochiste la question d’une sexualisation de la relation au surmoi. Il me semble plus pertinent comme G Deleuze le propose dans sa Présentation de S Masoch [23] d’analyser le « contrat » qui relie le sujet à son objet intériorisé. Ce contrat, dans lequel on aura reconnu une forme de contrat narcissique, représente le prix à payer pour s’assurer de l’investissement de l’objet et être ainsi protégé d’un retour de sa « froideur » de son absence affective et avec elle d’un retour du traumatisme primaire. La « solution » masochique ne se soutient donc que du fait d’une complicité avec les objets, qui l’entretient et avec elle l’exploitation perverse de la subjectivité.

Peut-être, pour en finir avec ces remarques sur la position masochiste, est-il bon de préciser que la forme de pervertisation que je vient de décrire ne doit pas être confondue avec la capacité à suppporter et à endurer[24] une certaine quantité d’excitation psychique ou de tension psychique qui elle, est nécessaire pour effectuer le travail de symbolisation. La notion d’un masochisme « gardien de la vie » psychique, souvent évoquée dans la littérature psychanalytique française comporte en effet une ambiguïté. Désigne-t-on ainsi une véritable position masochiste inévitable ou appelle-t-on, quasi par abus de langage, une certaine capacité à tolérer la tension, ce qui voudrait effectivement dire qu’une quantité d’excitation aurait appris à être considéré comme « bonne » pour la psyché contrairement au principe de plaisir-déplaisir?

Les précisions que je propose, sans prétendre réduire l’ensemble de la question, fort complexe au demeurant, différencient ou amènent à différencier la tension qui est contenue par le biais d’une activité symbolique de liaison et celle qui n’est contenue que par un retournement narcissique inversant, pour tenter de la lier, la valeur de l’excitation non liée. Seule cette dernière me paraît véritablement mériter l’appellation de « masochiste », l’autre relevant de l’effet de la symbolisation primaire qui rend possible une certaine « endurance » de la psyché à la tension pulsionnelle.

Il nous faut examiner maintenant la seconde « solution » de liaison primaire non symbolique utilisant la sexualisation : le fétichisme.

C’est la « solution » grâce à laquelle le concept de clivage du moi a pu être décrit par Freud. Cependant une lecture attentive des textes Freudiens laisse apparaître sans trop de difficulté que le fétiche est un mode de suture, c’est à dire un mode de reliaison secondaire, du clivage. Celui-ci est rapporté par Freud à l’expérience catastrophique de la découverte de la différence des sexes ; c’est elle qui produit la déchirure du moi que le fétiche tente de suturer.

La difficulté de la démonstration de Freud tient dans le fait qu’il ne dit pas pourquoi chez certains garçons la découverte de la différence des sexes entraîne un vécue de catastrophe psychique. Mon expérience clinique m’a permis de faire l’hypothèse que, lorsque c’était le cas, un traumatisme primaire[25] antérieur était venu se mêler à l’expérience plus tardive et qu’il colorait celle-ci de ses particularités propres. Autrement dit, l’expérience de la découverte de la différence des sexes n’est « catastrophique » que lorsqu’elle est le lieu du transfert d’une expérience agonistique qui trouve à se faire ainsi représenter. Elle se sexualise ainsi et utilise cette sexualisation pour tenter de se symboliser dans l’ordre de la différence sexuelle. La solution « fétichique » suture ainsi le clivage antérieur qui a affecté la subjectivité, elle produit un représentant-représentatif qui lie et cicatrise le clivage, mais au prix d’un renoncement au caractère métaphorisant de la symbolisation psychique.

Si en effet le fétiche est susceptible de déplacements, il arrête quant-a lui la générativité métaphorisante, la fixe en un objet particulier et singulier, emblème narcissique là encore qui masque la faille de l’organisation représentative. Dans le même sens chez les femmes, mais aussi chez certains sujets masculins, l’envie du pénis suppose un point de fétichisation antérieur du sexe masculin lui-même élevé au rang de garant contre l’échec de la symbolisation. Le pénis n’est plus alors l’attribut masculin définissant une identité sexuée, il devient un attribut « magique » prémunissant contre le retour des expériences agonistiques clivées du fait de leur inaptitude à être symbolisées.

La clinique des dernières décennies qui décrit la relation d’objet « fétichique »[26], ou certaines formes apparentées au fétichisme de l’anorexie féminine, me semble aller dans la direction que je propose qui s’ouvre, à partir du moment ou le sexuel ne saurait être, pas plus que les autres signifiants psychiques, identique à lui-même -il n’est pas alors le point d’aboutissement obligé des chaines associatives- à une conception ou il n’occupe qu’une place, certe fondamentale mais néanmoins relative, dans les séries signifiantes.

Là encore la menace est grande de confondre l’importance du sexuel, et en particulier du sexuel-phallique, lieu de réorganisation structural de l’histoire libidinale antérieure[27] et donc carrefour des réorganisations signifiantes, mais en cela relatif à une époque particulière de l’organisation psychique, avec un pansexualisme qui aurait oublié la relativité idiosyncrasique de son moment historique et se proposerait comme ultima ratio de la psyché.

C’est pourquoi les concepts de sexualisation et de désexualisation, c’est à dire les processus par lesquels se produit le sexuel doivent passer sur le devant de l’analyse au détriment d’une sexualité se donnant comme parfaitement identique à elle-même et comme un en soi intrinsèquement défini[28].

Liaison non symbolique primaire « somatique ».

 

         Dès 1920 Freud remarque, à propos des états de névrose traumatique de guerre, qu’une blessure physique survenue au moment opportun « protège » du développement de l’état traumatique. Il fait alors l’hypothèse que les quantités d’excitations effractives affluent en direction de la blessure, si elle est suffisamment circonscrite, et protège ainsi la psyché elle-même du débordement.

Cette hypothèse fournit la base de l’idée que, face au retour de l’état traumatique clivé, une affection « somatique » peut jouer le même rôle et venir lier corporellement, dans une somatose qu’elle alimente alors, ce que la psyché ne peut parvenir à lier à l’aide de ses propres ressources. L’une des assises narcissiques, le corps, se trouve être ainsi sacrifié dans l’une de ses parties ou l’une de ses fonctions pour « lier » ce qui menace la psyché. La somatose permet en outre de tenter de renouer un lien avec les objets si ceux-ci sont plus sensibles à la matérialisation « concrète » de la souffrance, au corps de celle-ci.

Le processus de la « solution » somatique peut fonctionner à deux niveaux. Soit il peut se contenter de maintenir une maladie somatique en activité en lui conférant ainsi une fonction psychique, soit il peut contribuer à produire l’affection somatique elle-même en infiltrant hallucinatoirement des perceptions traumatiques antérieures les perceptions et sensations actuelles du soma. Comme j’ai pu le montrer à différentes reprises dans certaines conditions l’hallucination d’une brûlure « brûle » effectivement[29] et amène le corps à délirer dans son fonctionnement.

Dans le même sens, en prolongeant les hypothèses précédentes on peut aussi penser que ce même processus se retrouve dans certaines formes de surinvestissement des perceptions ou des sensations qui épongent les surplus non-liables par l’activité représentative. Ce processus est d’ailleurs relevé par Freud dans Construction en analyse à propos du caractère « excessivement clair », quasi hallucinatoire, de certaines perceptions venant en lieu et place de la remémoration de souvenirs traumatiques. Dans la scène qu’il brosse à propos du fétichisme Freud souligne aussi l’accrochage perceptif aux perceptions et sensations qui entourent la scène traumatique elle-même.

Si la sensation nous ramène du côté de cet « extérieur » interne, le corps, la perception nous entraîne elle du côté de la réalité externe et de son utilisation dans les modalités de liaison non symbolique des traumatismes primaires.

Les « solutions » groupales et institutionnelles.

 

         Je serais bref sur celle-ci dont j’ai déjà traité ailleurs à propos de la genèse et des assises symboliques du cadre et de l’institution[30]. Comme Freud en fait clairement l’hypothèse en 1921 dans Psychologie des masses et analyse du moi, une partie de l’appareil psychique peut être externalisée et superposée à un objet externe. Selon la très célèbre formule « L’objet peut être mis à la place de l’idéal du moi ».

Les travaux de Jacques, Bion, Bleger, Kaës, Anzieu etc……, en prolongeant cette remarque fondatrice de Freud, permettent d’envisager que les institutions, ou le cadre puissent servir d’objets « conteneurs » ou de systèmes de liaison de partie de la topique interne projetée. Cela vaut encore plus pour l’utopique de ce qui est clivé du moi, comme J Bleger (1967) en particulier a pu le montrer, et qui peut être localisé au-dehors dans des objets (c’est le mécanisme décrit comme identification projective) ou dans des systèmes groupaux ou sociaux. La militance (B Chouvier), l’idéologie (R Kaës), lorsqu’elles engagent des formes de la passion en sont le témoignage répété. Mais à plus bas bruit, comme des travaux menés à Lyon[31] sur la problématique du chômage le montrent, le travail et son entourage organisationnel et humain peuvent aussi servir à maintenir lier les parties clivées post-traumatiques de la psyché, comme l’indiquent les décompensations qui surviennent en cas de perte d’emploi[32].

Là encore dans certaines conditions de fonctionnement l’institution ou le cadre peuvent fonctionner comme fétiche du groupe, comme fétiche collectif, l’histoire de la religiosité en fourmille d’exemple. Les hypothèses de Freud par exemple concernant l’Homme Moïse...supposent que la religion monothéiste est issue de la suture d’un clivage (Freud postule l’existence de deux Moïses différents et fondus en une seule histoire). Elles évitent la névrose la perversion ou la psychose individuelles.

La « solution » délirante ou psychotique.

Une autre modalité de liaison et de suture du retour du clivé, sur lequel je serais aussi bref dans la mesure ou un chapitre de ce livre lui sera consacré, nous est fournie par la psychose et le délire. A la suite d’une décompensation ou d’une déconstruction du clivage, l’expérience agonistique, non symbolisée primairement et ainsi activée hallucinatoirement, va être projetée dans le présent du sujet dont elle subvertit la teneur. Contraint à la nécessité de signifier son expérience « actuelle » le sujet, confronté à cette confusion hallucinatoire des temps, va tenter de signifier cette expérience subjective à l’aide des ressources de son présent : il délire et tente ainsi d’auto-représenter secondairement l’expérience agonistique primaire[33].

Le délire est une tentative de liaison symbolique secondaire d’une expérience traumatique primaire non symbolisée primairement. C’est aussi un mode de cicatrisation par la symbolisation secondaire du retour du clivé de l’expérience agonistique primaire. C’est pourquoi les délires représentent souvent des expériences cataclysmiques, tel celui de Schreber, ils tentent de signifier dans le présent ou l’avenir l’expérience agonistique qu’ils n’ont pu inscrire en son temps dans leur histoire.

Nous pourrions sans doute prolonger cette revue des « solutions » non-symboliques à la menace de retour du clivé, je m’en suis ici tenu aux modalités présentes dans ce livre et à celles auxquelles j’ai personnellement consacré une étude particulière.

Les chapitres qui vont suivre étudient l’un ou l’autre des maillons du modèle d’ensemble que je propose, ils construivent, parfois au hasard d’articles conjoncturaux parfois de manière plus décidée, l’explicitation ou la démonstration de chacun des « moments » structuraux du modèle.

L’analyse des conjonctures narcissiques-identitaires fait « remonter » le temps en direction des temps-hors temps qui sont impliqués dans le clivage et les défenses contre l’agonie, en direction de l’expérience du manque à être, du manque de soi dont elles sont à l’origine, elles invitent à une sorte de voyage dans le temps, et hors du temps.

[1]Cf, R Roussillon, Une métapsychologie des processus et de la transitionnalité, Rev franç de psychanal, 1995, N°5, PUF.

[2] La difficulté majeure concerne la question du deuil et de la mélancolie. La première topique repose sur l’idée que la représentation psychique est rendue possible par le deuil de la chose. Avec la question clinique de la mélancolie les données s’inversent, le deuil apparaît possible quand la représentation peut avoir lieu. La pensée se trouve alors être confrontée au paradoxe suivant : pour représenter il faut faire son deuil de la chose, mais faire le deuil de la chose suppose que l’on puisse se représenter celle-ci.

[3]C’est ce que j’avais particulièrement développé dans un livre précédent: « Paradoxes et situations limites de la psychanalyse », 1991,PUF.

[4]Le non-advenu de soi réfère à ce qui reste à l’état potentiel dans la psyché, à ce qui ne trouve pas matière à pouvoir s’inscrire dans la symbolisation et donc dans le moi-sujet.

[5] cf R Roussillon, 1991, Paradoxes et situations limites de la psychanalyse, PUF.

[6]Sur la symbolisation primaire cf le chapitre qui lui est consacré dans le présent volume, cg aussi R Roussillon 1995 « La métapsychologie des processus ».

[7] Je préfère utiliser ici le terme de détresse plutôt que celui de désaide proposé par la nouvelle traduction française pour la hilflosiskeit. L’état de détresse permet de différencier les resources internes de l’aide souhaitée du dehors.

[8] Ceci amenerait un long commentaire sur la satisfaction et sur les réponses « satisfaisantes » de l’objet, pour une première approche cf R Roussillon 1997, La fonction symbolisante de l’objet, Revue Franç de psychanal, N°3, 1997.

[9] J’emprunte le terme à P Aulagnier, même si je lui donne un sens légérement différent.

[10] Les difficultés dans l’organisation de la transitionnalité résultent souvent du prix de ces « exigences » narcissiques des objets.

[11] Que l’on peut rapprocher de la « dépression essentielle » décrite par les psychosomaticiens ou de certaines formes de mélancolie ou de dépression existentielle.

[12]C’est S Ferenzci que nous devons la première remarque clinique concernant ce mécanisme.

[13]L’état traumatique antérieur fait retour avec les principales caractéristiques de son moment d’émergence, quand il se répète il répète aussi son caractère traumatique, il répète aussi l’échec de la symbolisation historique.

[14] Sur ce point cf R Roussillon 1997, Le rôle charnière de l’angoisse de castration, Le mal être, PUF.

[15] Cf Freud lettre du 6-12-96.

[16]L’isolement des pensées est souvent tels dans les milieux psychanalytiques que les liens qui s’imposent cliniquement entre auto-sensualité, auto-cure, et auto-calmants n’ont pas été à ma connaissance tentés.

[17]Sur ce point cf l’étude de Bellemin Noël au fil rouge. Gradiva au pied de la lettre. PUF.

[18]Cf aussi avec les précautions de lecture que ce travail impose, M Torok et Rand, Leçons à Freud,

[19] J’ai proposé cette analyse détaillée dans mon séminaire du groupe Lyonnais de psychanalyse (1997) mais le travail est resté inédit.

[20]Cf aussi l’étude que P Wilkoswky « Le Vampirisme ».

[21]Cf la position de Richard 3 que Freud analyse en 1916.

[22]Ce que Freud repère bien en 1925 dans le problème économique du masochisme ou il souligne que l’enfant qui est battu dans le fantasme est un enfant « méchant et en détresse ».

22 Cf A Green « Narcissisme de vie narcissisme de mort » Ed de Minuit.

[23] 1967, Ed de Minuit.

[24]Selon le très bon terme de D Rosé « L’endurence primaire » PUF 1998.

[25]Il affecte donc la féminité primaire alors confondue avec les caractèristiques du sexe féminin.

[26]Cf notamment E Kestemberg.

[27]cf R Roussillon,1997, Le rôle charnière de l’angoisse de carstration, Le mal être, PUF.

[28]Sur ces points cf R Roussillon 1998 « Sexualisation et désexualisation dans la pensée psychanalytique » Introduction au Colloque des Arcs-Vallandry consacré au « Sexuel en psychanalyse » Bulletin du groupe Lyonnais de psychanalyse 1999.

[29]cf dans le présent volume l’étude que je consacre à la « solution » bio-logique du traumatisme.

[30] R Roussillon 1995, Logiques et archéologiques du cadre psychanalytique, PUF.

[31]cf en particulier le travail de F Jayle-Morel.

[32]cf aussi l’étude d’E Jacques.

[33]cf Dans le présent ouvrage La terreur agonistique du schizophrène ou encore le paradoxe du déficit.

 

https://reneroussillon.com/2015/02/24/theorie-psychanalytique-du-traumatisme/